Publié le 06-03-2018

De Lampedusa à la France, les Tunisiens reçoivent l'aide des Parisiens

Dans un square du XIXe arrondissement, en bordure du périphérique parisien, des immigrés tunisiens font la queue pour recevoir des vivres de la part de bénévoles: un rituel quotidien depuis deux semaines.



De Lampedusa à la France, les Tunisiens reçoivent l'aide des Parisiens

Tous passés par l'île de Lampedusa, ces migrants, âgés de 18 à 35 ans, ont gagné la France avec l'espoir d'y trouver une vie meilleure. Il seraient désormais entre 350 et 400, et des dizaines de nouveaux arriveraient quotidiennement, selon les bénévoles.

"Ils se sont retrouvés là parce qu'ils ont pour la plupart de la famille ou des amis en Seine-Saint-Denis. Tout ce qu'ils veulent, ce sont des papiers pour pouvoir s'installer librement", explique Abdel Zran, membre d'une association franco-tunisienne d'Aubervilliers, une ville voisine.

L'arrivée controversée en France, via l'Italie, de milliers de migrants d'Afrique du Nord sera au coeur d'un sommet mardi dans la capitale italienne entre le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi et le président français Nicolas Sarkozy.

Chaque jour, vers 19h00, entre la Porte de la Villette et Pantin (Seine-Saint-Denis), M. Zran se relaie avec des habitants du quartier et d'autres représentants d'associations pour distribuer sandwiches, pâtes, riz et bouteilles d'eau à ces hommes qui ont fui le Maghreb par bateau.

Après avoir passé en moyenne une semaine à Lampedusa, ils ont échoué dans des villes du sud de la péninsule italienne, à Catane, Tarente, Bari ou encore Foggia dans les Pouilles à l'instar de Khaled Chrigui, 32 ans.

Cet ancien étudiant en informatique, originaire de Medinine, près de Zarzis (littoral sud-est de la Tunisie), raconte avoir rejoint Turin en car, puis Nice en train avant de monter dans une autre rame à destination de la gare de Lyon à Paris. Un voyage qui, comme pour les autres, lui aurait coûté environ 2.000 euros.

Moins "chanceux", Walid Jaballah, 23 ans, explique avoir dû marcher trois jours entre Vintimille et Nice. Pour lui, les conditions d'accueil en France sont mauvaises. "En Italie, il y avait plus d'humanité. Nous étions logés, on nous donnait des vêtements, de la nourriture, des cartes téléphoniques. Ici, rien. C'est zéro", affirme-t-il dans un mélange de français et d'arabe.

Pour dormir, cet ancien soudeur de la ville de Gabès (littoral sud-est de la Tunisie) s'est aménagé à quelques mètres du square, juste sous le périphérique, un baraquement de fortune. "Ici, j'y dors lorsqu'il fait froid. Là, c'est quand il fait chaud", précise-t-il en montrant un matelas posé sur une butte de terre.

"Ici, c'est notre hôtel quatre étoiles", ironise un jeune Tunisien aux yeux rieurs en désignant un coin de pelouse défraîchie où il a passé la nuit.

Pour Abdel Zran, cette situation n'a que trop duré. "Ils n'ont qu'un repas par jour. Que risque-t-il de se passer lorsqu'ils auront faim? Eh bien, ils voleront sûrement. Il faut éviter cela en leur donnant la main", explique le militant associatif, se plaignant de ne pas être aidé par les collectivités.


AFP

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