Publié le 06-03-2018

Selim de Carpe Diem

Franc, engagé, critique et raisonnable, Selim fait partie des blogueurs qui suscitent énormément d’intérêt. Qu’on soit d’accord avec lui ou pas, là n’est pas la question. Pour lui, l’essentiel c’est d’en parler et d’en débattre. Depuis la France, là où il est installé depuis déjà quelques années, il nous parle de son blog et de sa Tunisianité. Interview.



Selim de Carpe Diem

Franc, engagé, critique et raisonnable, Selim fait partie des blogueurs qui suscitent énormément d’intérêt. Qu’on soit d’accord avec lui ou pas, là n’est pas la question. Pour lui, l’essentiel c’est d’en parler et d’en débattre. Depuis la France, là où il est installé depuis déjà quelques années, il nous parle de son blog et de sa "tunisianité". Interview.

Je sais que tiens à garder l’anonymat, mais est-ce qu’on peut savoir sur toi ?

J’ai grandi dans le Grand Tunis où j’ai vécu dans les quartiers de Bab Sâdoun, Hay El Khadhra, El Menzeh et Ariana. Après avoir eu ma maîtrise en Sciences Economiques et de Gestion en Tunisie, je me suis installé à l’âge de 24 ans en France pour achever un Master en Economie et je travaille maintenant depuis 2 ans dans le Conseil aux Entreprises. Mes passe-temps favoris sont la lecture, la photographie et le blogging évidemment :)

Pourquoi Carpe Diem ? C’est ta devise dans la vie ou juste un hommage à Metallica :) ?

Même si j’aime bien Metallica, ce n’est pas ce Groupe qui m’a inspiré le titre de mon blog. C’est une expression qui à l’époque où j’ai créé mon blog (Juin 2007) correspondait bien à mon état d’esprit. Vivre au jour le jour et profiter du moment est une philosophie de vie qui me permettait de profiter au mieux du présent et de ne pas trop me soucier du futur. Aujourd’hui, j’ai plus les pieds sur terre mais je garde mon titre de blog par souci de cohérence. Ce titre peut sembler par moment en contradiction avec les sujets que je peux traiter, mais disons que j’essaie aujourd’hui de délivrer « au jour le jour » mes pensées sur l’actualité de la Tunisie…Je ne sais pas jusqu’à quand durera encore cette aventure :)

6 propositions pour une seule réponse. Tu blogues pour : influencer, informer, communiquer, se définir, être vu ou provoquer ?

Sans hésiter, je dirais pour informer (et m’informer aussi).

Et plus sérieusement, qu’est-ce qui t’a motivé à créer ce blog ?

En m’éloignant de mon pays et en prenant du recul sur son actualité, je me suis rendu compte que j’étais loin de bien le connaitre, et que cela était dû à un manque d’information, ou plutôt à une difficulté d’accès à des informations pertinentes et variées sur l’actualité tunisienne. Quand j’ai commencé à lire les blogs tunisiens avant de me lancer moi-même dans cette aventure, j’y ai trouvé de la bonne matière informative, des débats passionnants, des points de vue originaux et divergents et une certaine liberté de ton sur des sujets divers et variés qu’on ne trouvait pas dans les médias traditionnels. Cela m’a motivé à lancer mon propre blog. Bien entendu, la notion de partage et d’échange est omniprésente dans la blogosphère. Bloguer, c’est aussi communiquer avec les autres…

Que t’as apporté ton expérience de blogueur ?

Enormément de choses sur le plan personnel ! D’abord, beaucoup de connaissances et de culture générale. Par exemple, j’ai découvert des films et des pièces de théâtres grâce aux avis exprimés par certains bloggeurs qui les ont vus. Ensuite, cela m’a beaucoup aidé à mieux m’exprimer, à mieux structurer mes réflexions, à argumenter mes points de vue et à modérer mes opinions. Cela m’aide aujourd’hui dans ma vie personnelle et professionnelle. Bloguer m’a aussi permis de faire la connaissance de certaines personnes que je n’aurais peut-être pas rencontrées dans la vie réelle. Des rencontres riches et variées, des personnalités complètes et passionnantes.

A travers ton blog, on te sent très attaché à la Tunisie, malgré quelques sévères critiques à son égard. J’ai même l’impression que ton blog constitue ton point d’attache avec la Tunisie. Est-ce que je me trompe ?

Non, tu ne te trompes pas. Mon blog c’est aussi mon point d’attache avec mon pays, ma culture et mes concitoyens. Cela me nourrit quotidiennement en « Tunisianité ». C’est très important pour moi qui suis loin des miens. Cela me permet de ne pas oublier qui je suis et d’où je viens. J’aime beaucoup la Tunisie, ce pays m’a tout donné : de vraies valeurs et une éducation de qualité. Et comme disent les français : « Qui aime bien châtie bien ». C’est dans ce sens que je peux me montrer critique. Ma critique se veut constructive, et ce n’est qu’en s’autocritiquant qu’on devient meilleur. C’est ma conviction.

Tes premiers posts étaient plus ou moins des billets d’humeur. Mais avec le temps, tu publies de plus en plus des articles fondés, bien documentés et très bien analysés. Qu’est-ce qui a défini cette ligne éditoriale?

Je dirais que c’est une évolution naturelle de mon blog. Au début, je publiais plus fréquemment des posts légers et d’humeur. J’étais étudiant et j’avais plus de temps pour traiter des sujets variés. En rentrant dans la vie active, le temps a commencé à me manquer, j’ai choisi de concentrer mes efforts pour publier moins fréquemment des posts plus profonds. Chaque week-end, j’essaie de me réserver un peu de temps pour rédiger un post ou deux. Le faire dans mon temps libre me permet d’avoir le temps de la réflexion et de la documentation.  

Des journaux de renom comme Le Monde, Le nouvel Observateur et The New York Times, mettent en avant les blogs de leurs journalistes mais aussi de leurs lecteurs. Des sites comme Agoravox ou Rue 89 sont alimentés par des blogueurs. En Tunisie, on accuse un large retard dans ce domaine, et on essaie encore de marginaliser les blogueurs. Pourquoi à ton avis ?

J’ai appris récemment que 13% du trafic des lecteurs du site du Monde provient de ses blogueurs. C’est énorme et c’est une tendance qui se confirme, les grands journaux l’ont bien compris. En Tunisie, certains magazines ou sites d’information en ligne se sont intéressés à la blogosphère tunisienne et ont écrit des articles dessus comme le magazine Réalités, le journal Attariq Aljadid ou des sites comme Magharebia.com. Mais les exemples restent rares. Pourtant, les blogueurs de leur côté renvoient énormément vers les journaux et les magazines en ligne en réagissant sur leurs articles ou en renvoyant vers leurs informations. Il y aurait deux explications à cela : soit les journaux ne croient toujours pas au potentiel des blogs, soit ils les évitent. J’opterais plutôt pour la deuxième hypothèse…

Tes blogs tunisiens préférés ? (sans langue de bois:) )

Comme je lis beaucoup de blogs, j’ai une longue liste de préférés : Et pourtant elle tourne, Un homme dans la foulée,  Un œil sur la planète, Madjerba, Dovitch, Bons baisers de Tunisie, et la liste et encore longue..:)

Le mot de la fin

Merci pour cette rubrique qui permet de mieux connaitre les blogueurs tunisiens et leurs blogs.

 

Propos recueillis par Sarah B.H


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