Publié le 06-03-2018

Le navire Open Arms bloqué face à Lampedusa, malgré un accord de l'UE

Le navire de l'ONG espagnole Proactiva Open Arms a pu débarquer une poignée de migrants, mais restait à l'ancre vendredi à quelques centaines de mètres du port de l'île italienne de Lampedusa, dans l'attente de la concrétisation d'un accord de répartition européen.



Le navire Open Arms bloqué face à Lampedusa, malgré un accord de l'UE

Une dizaine de personnes ont été évacuées d'urgence du navire pour des soins médicaux, dans la nuit de jeudi à vendredi, a indiqué l'ONG. Il reste désormais 134 migrants, à bord depuis deux semaines.

"Toutes les personnes à bord ont besoin de débarquer urgemment, par humanité", insiste Open Arms, qui ne compte toutefois pas réaliser un débarquement en force.

Six pays de l'UE se sont dits prêts jeudi à accueillir chacun une partie des migrants de l'Open Arms mais le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, refuse pour l'instant de les laisser débarquer.

"La Commission a eu des contacts intensifs au cours de la semaine écoulée et nous sommes très reconnaissants de la coopération de la France, l'Allemagne, le Luxembourg, le Portugal, la Roumanie et l'Espagne", a commenté vendredi une porte-parole, Vanessa Mock.

"Une situation où des personnes sont bloquées en mer pendant des jours et des semaines est intenable", a-t-elle estimé, en soulignant que "toute l'Europe" devait trouver des solutions pour pouvoir faire débarquer "rapidement" les migrants secourus.

L'accord européen ne concerne cependant pas les 356 migrants secourus par l'Ocean Viking, le navire de SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF), qui navigue au ralenti à mi-chemin entre Malte et Lampedusa, interdit de s'approcher des eaux territoriales de l'une comme de l'autre.

"Encore une fois, mes homologues européens nous tendent la main", s'était félicité jeudi le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte, dans une lettre ouverte très acrimonieuse adressée au ministre de l'Intérieur Matteo Salvini (qui réclame depuis une semaine sa destitution et des élections dès octobre).

Conte a critiqué la "concentration obsessionnelle" de  Salvini sur le thème de l'immigration "réduite à la formule +ports fermés+".

Le chef du gouvernement italien a précisé qu'il s'était battu pour "un mécanisme européen" qui serait "presque automatique" pour répartir au sein de l'UE les migrants secourus en mer, alors que les pays en première ligne comme l'Italie, la Grèce et l'Espagne dénoncent depuis des années l'indifférence de leurs voisins.

"Mon obsession est de combattre tous les types de délit, y compris l'immigration clandestine. Je suis ministre pour défendre les frontières, la sécurité, l'honneur, la dignité de mon pays", lui a rétorqué jeudi par écrit Salvini.

"Avec moi les ports sont et resteront fermés aux trafiquants et à leurs complices étrangers", a insisté le ministre italien. "Et il est clair que sans cette fermeté, l'Union européenne n'aurait jamais levé un petit doigt, laissant l'Italie et les Italiens seuls".


AFP

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