Publié le 06-03-2018

ALECA et pourquoi ?

Depuis 2011 la Tunisie passe d’une année à la suivante de « Hamdoullah » à « plus que Hamdoullah ». Imaginez que sous cette conjonction, nous discutons d’un Accord de Libre Echange Complet et Approfondie avec l’union européenne.



ALECA et pourquoi ?

Vaut mieux aborder le sujet par une blague ;

[Il y avait deux agriculteurs à Mateur, région céréalière par excellence du nord de la Tunisie ; Serge, un colon disposant de centaines d’hectares et son voisin « l’arabe » Mohamed qui d’un lopin de terre essayait de faire vivre sa petite famille.

En cette année, le mois de juin approchait et la récolte de céréale s’annonce exceptionnelle, jusqu’à une nuit d’orage où les grêlons moissonnèrent et la pluie essuya ce que les deux paysans espéreraient comme récolte.

Le terrain de notre colon étant plus vaste que celui du voisin indigène, les dégâts étaient relativement moins conséquents.

Au lever du soleil, Serge découvrant ce qu’il a découvert, s’empressa de prendre des nouvelles de son voisin :

-Alors Mohamed comment ça va ? s’exclama le colon, « Hamdoullah » (Dieu merci) répondra Mohamed, et vous Monsieur ? … Serge, après avoir constaté de ces propres yeux l’étendu de la catastrophe de son voisin, lui répondit en chuchotant « presque Hamdoullah ».]
Depuis 2011 la Tunisie passe d’une année à la suivante de « Hamdoullah » à « plus que Hamdoullah ». Imaginez que sous cette conjonction, nous discutons d’un Accord de Libre Echange Complet et Approfondie avec l’union européenne.

Pourquoi donc ?

Adenauer même, nous l’explique, mais attention ! pas l’ancien Chancelier Allemand, mort le 19 avril 1967,  « La Tunisie et l’Europe sont et resteront étroitement liées - par la géographie et l’histoire, mais surtout par les liaisons humaines qui se sont tissées, par leur échange culturel et les relations politiques et économiques. La transition démocratique en Tunisie a davantage rapproché ce pays maghrébin et les pays européens qui partagent désormais les mêmes valeurs et principes de gouvernance. Dans ce nouveau contexte, la Tunisie et l’Europe sont appelées à reformer et renforcer leur coopération, dans un esprit de partenariat, d’équité et du respect des intérêts et besoins mutuels. ».

Voilà la meilleure du même auteur « La Konrad-Adenauer-Stiftung s’est, dès le début, engagée à accompagner la transition démocratique et le développement socio-économique de la Tunisie. Nous sommes convaincus qu’un renforcement des relations tuniso-européennes, y compris au niveau économique, est bénéfique pour l’Europe, mais aussi et surtout pour la Tunisie. Bien négocié, l’ALECA sera une nouvelle étape dans l’évolution de ces relations et ouvrira des nouvelles possibilités pour les entreprises et les citoyens de deux côtés de la Méditerranée. Nous espérons que ce Guide sur l’ALECA, élaboré en partenariat avec le think tank tunisien Mediterranean Developement Initaitive (MDI), participera à un débat politique et public qui peut être controversé, mais devrait toujours être basé sur des informations justes et des arguments plausibles. Avec le MDI et d’autres partenaires tunisiens, la Konrad-Adenauer Stiftung continuera à accompagner les négociations sur l’ALECA. Notre resterons engagés à œuvrer pour un dialogue transparent et une coopération renforcée entre la Tunisie et l’Europe. »

Si vous me dites pourquoi non ? Nous répondons du tac au tac, pourquoi oui ? car effectivement, nous avons une histoire avec l’Europe qui fait que ce rapprochement nous ne la jugeons pas selon les mêmes qualificatifs, surtout en matière d’aménagement du territoire ; ce terroir morcelé, fragmenté, montrant un déséquilibre déclencheur des évènements comme ceux de septembre 2010 et de janvier 2011, il nous semble que la mèche a pris feu à Sidi Bouzid et non à Sidi Bousaïd !

Notre territoire est comme un palimpseste, ce parchemin dont l’état présent peut laisser supposer et apparaitre des traces de versions antérieures.

Nous restons une société basée sur les tribus par rapport à de la répartition des ressources de l’eau et l’évolution de son usage au départ, et c’est de période en période et d’évolution en évolution économique et fiscale que les établissements humains se sont développés et évolués.

En 1885, soit à la quatrième année du protectorat, un géologue amateur français, Philippe Thomas, découvre d'importantes couches de phosphates de calcium dans la région de Métlaoui. À la suite de prospections et d'explorations identifiant des gisements, la Compagnie des phosphates et des chemins de fer de Gafsa est fondée en 1897. Elle obtient la concession des gisements de la vallée de l'oued Selja sous conditions de les relier par une voie ferrée au port de Sfax. Le zoning des régions s’accentue donc. Ceci n’est qu’un exemple pour montrer que les territoires ne sont que les projections humaines sur une surface ou une région, la nature absolue est comme tout absolu, un fait relatif.

A l’avènement de l’indépendance, la pression de l’exode rurale sur les villes côtières, amènera la jeune république de tenter d’atténuer les disparités régionales, par la création de quelques pôle industriels (Béja, Kasserine, etc.), à cet effet l’état lance une politique de planification de 1962 à 1969 : décentralisation industrielle et réforme des structures agraires, qui fût un chapitre important de la Tunisie collectiviste et socialiste.

Mais voilà, le premier accord commercial avec la Communauté économique européenne lui date de 1969 survenait ! terrible hasard avec celui de la mise à mort du coopérativisme socialiste en Tunisie.

Nous étalerons ici les dates majeures des incidences économiques et sociales que le pays a subi avec les protocoles de rapprochement avec l’Europe

• Mars 1969- 25 avril 1976 : signature du premier accord commercial UE-Tunisie un accord qui semblé être globale mais qui s’est limité en fait au seul aspect de commercial, il repose sur le principe des concessions et des avantages tarifaire / fin du collectivisme

• 1980 : 1er protocole financier d'un montant de 95 millions d'Ecus (environs 100 millions de dinars) : 15 millions d'Ecus sous forme de dons, 39 millions d'Ecus sous forme de prêts spéciaux et 41 millions d'Ecus de prêts de la BEI. / Dans les années 80, la CEE met en place une politique méditerranéenne rénovée. Cette rénovation concerne principalement des questions politiques : paix, sécurité, droits de l’homme, démocratie.

• 1992 : 4ème et dernier protocole financier et mise en place de la politique méditerranéenne rénovée. Par ailleurs, afin de prendre dûment en compte les spécificités subrégionales, la Commission a fait des propositions relatives à l’avenir des relations avec le Maghreb et le Mashraq. Dans ces communications, la Commission a proposé une imbrication économique plus importante entre l’Europe et le Maghreb et le Mashraq, ce qui a mené à la négociation en cours ou en voie de débuter le Maroc, la Tunisie et Israël en premier lieu. Ces futurs accords sont bâtis sur quatre piliers : dialogue politique, libre-échange industriel, coopération économique, sociale et culturelle et coopération financière appropriée.

• 1998 : entrée en vigueur de l'Accord d'Association

• 2006 : adoption du Plan d'action voisinage UE-Tunisie

• 2008 : entrée en vigueur de la zone de libre-échange UE-Tunisie pour les produits industriels.

Pour conclure ALECA n’est pas une nouvelle affaire ni un protocole en honneur de notre révolution tel que la Konrad-Adenauer Stiftung qui se trouve d’un côté comme de l’autre dans cette négociation, comme ils veulent nous le faire comprendre mais une conjonction politico-économique où nous ne pouvons qu’obéir sous la pression de notre faillite politique qui n’a d’équivalente que celle de la fin de 19e siècle qui nous a fait hérité d’un célèbre nom de rue celui de la rue de la Commission et qui aboutit à notre mise sous protectorat en 1881 ; date qu’on omet souvent de mentionner dans la chronologie de notre relation avec l’Europe.

Mais aujourd’hui, heureusement que c’est le CDU à travers sa fondation La Konrad-Adenauer-Stiftung, un parti politique allemand, libéral-conservateur, qui nous accompagne pour répondre aux réclamations politiques et sociales de la Tunisie post-révolution 

ILYES BEN BECHIR BELLAGHA
PRESIDENT DE L’ASSOCIATION « ARCHITECTE-CITOYENS »



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