Mardi de l'Atuge révolution et violence : interview Walid kalboussi Secrétaire général de l'Atuge

A l'occasion d'un débat organisé, Mercredi 16 mai, par l'Association des Tunisiens des Grandes Ecoles avec le professeur psychanalyste Fethi Benslama et s'intitulant "Révolution et Violence", le Secrétaire Général de l'Atuge, Monsieur Walid Kalboussi, donne plus de précision sur le contenu de cette rencontre.



Mardi de l'Atuge révolution et violence : interview Walid kalboussi Secrétaire général de l'Atuge

Pourquoi l'Atuge a choisi ce thème pour son prochain débat?

W.K. :Cette idée de rencontre avec le professeur Fethi Benslama autour du thème de la violence dans notre société et en particulier après le 14 janvier est le résultat de la convergence de plusieurs envies : tout d'abord celle du lecteur qui a pris un plaisir à lire un essai exceptionnel (soudain la révolution) qui décrit la géopsychanalyse de la révolution tunisienne et qui a envie de partager ce plaisir avec le plus grand nombre possible de personnes, deuxièmement nous avons trouvé intéressant d'interpeller le professeur et voir un peu l'évolution de son regard de ce qui s'est passé le 14 janvier car comme il le dit si bien cet essai malgré sa rigueur a été écrit d'une façon subjective et intempestive cette analyse aboutissait dans son essai à l'esquisse d'une forme d'acceptation d'une organisation politique future et d'une nouvelle conception du pouvoir dans notre société et notre imaginaire nous aurons beaucoup de plaisir j'espère à l'interroger sur ce point particulièrement à la lumière des dernières évolutions dans notre pays, enfin et plus précisément sur le thème de la violence, l'Atuge a choisi comme sujet de son forum et la trame de fond de plusieurs de ses évènements cette année le "Contrat Social", ce sujet englobe plusieurs sous-thèmes dont particulièrement la réinvention du "vivre ensemble" dans notre pays. Le phénomène de la violence nous semble donc une composante importante de ce débat ...

Quelle est votre analyse du phénomène de violence en particulier après le 14 janvier ?

W.K. :Le phénomène de la violence peut prendre plusieurs formes et peut s'expliquer de plusieurs façon , nous allons garder le plaisir intact pour faire une analyse détaillée lors du débat qui aura lieu ce mercredi, mais nous pouvons d'ores et déjà s'aventurer et donner quelques aperçues sur la structure du débat.  La révolution a permis au citoyen tunisien de se détacher de l'objet de l'oppression dans tous les sens du terme  : cette libération peut donner lieu à des phénomènes où la situation échappe à tout contrôle. Nous pouvons aussi avoir l'impression qu'il y a une envie latente mais réelle de continuer la révolution et de la perpétuer car nous n'avons pas encore saisi que ça eu réellement lieu. Nous pouvons aussi retrouver des bribes d'explications de la violence dans la découverte de la puissance de chacun de nous en particulier chez ceux qui n'ont pas grand chose à perdre. On peut ajouter à tout cela le désir d'écarter tout objet incarnant la puissance et la volonté de ne pas voir un ordre se construire afin que ce qui est devenu inestimable -notion capitale dans l'essai et qui décrit la valeur intrinsèque de chaque citoyen- le reste le plus long temps possible

Est ce que cette violence peut être lue d'une façon plus positive?  Est ce qu'elle peut être génératrice de nouvelles exigences et de nouveaux espoirs?

W.K.:C'est toute la question est ce que cette violence peut être aperçu que d'une façon négative, on peut imaginer une version plus élaborée où l'économique et le social ne prennent pas le dessus et voir les choses d'une façon plus romancée on peut voir par exemple dans la violence un dégoût de soi-même pour avoir accepté l'inacceptable ce n'est pas nécessairement de l'opportunisme il peut y avoir des explications plus complexes je laisserai le soin à un psychanalyste de les développer ...

Comment la psychanalyse peut aider pour étudier des phénomènes de société de la sorte ?

W.K.:La psychanalyse peut je pense beaucoup aider et d'ailleurs ce qui est extrêmement intéressent dans l'essai "soudain la révolution" est que l'analyse échappe à l'objectivité des chiffres de développement de pauvreté et de chômage  .... car comme le dit le Professeur Benslama ces chiffres existent depuis trop longtemps pour pouvoir expliquer à eux seuls ce mouvement d'éclat. La révolution telle que analysée n'est pas la suite d'un phénomène d'accumulation jusqu'à la rupture mais la résultante d'un moment où ce qui était supportable est devenu soudain insupportable. Le phénomène surprenant de cette révolution ne peut être pensée que par une analyse de nos consciences et de nos imaginaires. Cette capacité de la psychanalyse nous apprend beaucoup sur la révolution mais peut nous aider à analyser des phénomènes comme la violence ou les nouvelles formes d'identification au pouvoir... c'est pour cela nous avons la faiblesse de croire que ce débat va être fort intéressant.


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