Publié le 06-03-2018

Services bancaires: 2,2% de l'actif bancaire conforme à la chariaa

En Tunisie, la proportion de l'actif bancaire conforme à la chariaa ne représente que 2,2% de l'actif total des banques (contre 100% en Iran, 61% en Arabie Saoudite, 42% aux EAU)», c'est ce qui ressort d'une étude publiée par la Banque africaine du développement (BAD), sur les "Services bancaires et la finance islamique en Afrique du nord".



Services bancaires: 2,2% de l'actif bancaire conforme à la chariaa

Selon cette étude, le secteur de la finance islamique est «relativement sous-développé dans la région de l'Afrique du Nord ». Ceci est du, essentiellement, "au développement limité des activités bancaires de détail, d'une manière générale, à la faible familiarisation des clients potentiels avec les services bancaires islamiques, et au manque du soutien de l'Etat".

Se penchant sur les avantages de ce système de financement, l'étude a expliqué que «les services bancaires islamiques sont, essentiellement, des services de détail qui satisfont, pour l'essentiel les besoins des salariés. Ils tiennent lieu de moyens de paiement et permettent d'accorder un financement aux particuliers pour l'acquisition des véhicules et de logements».

Ils apportent donc "une contribution au volet  "demande" des activités au sein de l'économie", mais sont moins pertinents pour le financement de projets de développement (volet "offre").

S'agissant des critiques relatives au financement islamique, l'étude fait ressortir que "les coûts de financement imposés par les banques islamiques, sont souvent plus élevés que ceux des banques classiques. Il existe naturellement, le coût du respect de la chariaa, auquel s'ajoute les honoraires d'avocats liés à la structuration des produits qui augmentent les frais généraux".

Il existe encore, des débats concernant les questions fondamentales, notamment et non des moindres, le point de savoir si les intérêts perçus par les banques modernes constituent effectivement des intérêts usuraires, "riba".

D'après l'étude "Si l'interdiction du "Riba" était pertinente pour les sociétés traditionnelles où les prêteurs sur gages prélevaient souvent des intérêts exorbitants, pour nombre de personnes, les taux d'inrérêt ne constituent pas une forme d'exploitation lorsqu'ils sont modérés et maintenus à des faibles niveaux par la concurrence".

Pour le cas de la Tunisie, l'étude a fait l'état de l'existence de trois banques islamiques: Al Baraka Tunisia et Noor Bank qui interviennent en tant qu'institutions offshore, et Bank Zitouna (créée en 2010), qui opère comme une banque de détail locale pour desservir le marché national.

Bank Zitouna, qui a été à la propriété de Mohamed Sakher El Matri, gendre du président déchu de la Tunisie, assure le financement du développement de l'immobilier, des autocars touristique, des équipements et des stocks, tout en adoptant des méthodes variées, en l'occurrence 'Morabaha', 'Idjara', 'Moucharaka', 'Moubadara' et 'Istisna'a'. Cette banque prévoyait de créer 20 succursales au cours de sa première année d'activité.

La finance islamique est parvenue, jusque-là, à financer trois opérations, à savoir 'Tunisian Indian Fertilizer'(150 millions de dollars en mars 2009), le projet de développement de l'irrigation (12,3 millions de dollars en décembre 2009) et, finalement, 'le projet du Port financier' (octobre 2011), dont le coût s'élève à 3000 millions de dollars.

Ce port, situé à Raoued, est calqué sur le modèle de celui de Bahraien 'Gulf Finance House', qui se veut une banque d'investissement, créée en 1999, à dessein de fournir des services conformes à la Chariaa.

Le port financier tunisien, dont les activités d'aménagement ont déjà démarré, se présentera comme le premier centre bancaire et financier offshore en Afrique du Nord. Le but ultime est d'attirer les investissements de l'Union européenne en Afrique du Nord, à hauteur de 15 milliards de dollars, de créer 16 mille emplois et d'accueillir une population permanente de 110 mille habitants.

Le but des banques tunisiennes offshore, explique l'étude, consiste à attirer les dépôts des expatriés tunisiens, en général en dollars, et, dans une moindre mesure, les dépôts les étrangers qui vivent en Tunisie ou visitent, souvent, le pays.

L'autre avantage potentiel des banques islamiques tient au fait qu'elles peuvent mobiliser les ressources des pieux qui ne sont pas disposés à traiter avec les autres banques.

Cette étude sera au centre d'un débat devant être organisé par la BAD, mercredi, à Tunis, en vue de discuter des différents volets de la finance islamique.

Il y a lieu de préciser que le projet de loi de finances 2012, comporte des mesures visant l'instauration d'un nouveau système fiscal, à même de développer le secteur de la finance islamique en Tunisie. Il prévoit l'application du système fiscal en vigueur dans le secteur du leasing, sur les transactions effectuées dans le cadre de la finance islamique.

L'objectif étant de faire de notre pays, un pôle régional de prestations financières islamiques.


TAP

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