Publié le 06-03-2018

Ghannouchi : L'inégalité des salaires et l’harcèlement sexuel parmi les points à revoir ...

Interrogé par le quotidien français "Le Monde" dans son édition depuis quelques jours, Rached Ghannouchi, patron d'Ennahdha, grand vainqueur des premières élections libres en Tunisie, a promis que le parti islamiste ne touchera pas au statut des femmes et a affirmé vouloir "voir la Tunisie développer une démocratie qui marie l'islam et la modernité".



Ghannouchi : L'inégalité des salaires et l’harcèlement sexuel parmi les points à revoir ...

Sur le code du statut personnel en Tunisie, plus favorable aux femmes que dans tout autre pays du monde arabo-musulman et dont la réforme éventuelle est la principale inquiétude des Tunisiennes, Rached Ghannouchi affirme: "nous n'y toucherons pas". Et d'ajouter qu'Ennahdha pourrait même "consolider les acquis de la femme, par exemple sur l'inégalité des salaires, ou sur la création des crèches sur le lieu de travail", et se pencher sur la question du "harcèlement sexuel".

 

Selon Rached Ghannouchi, Ennahdha est prêt à gouverner "avec tous les partis qui ont été dans l'opposition à Ben Ali, peut importe leur idéologie". "Nous pouvons discuter de tout", dit-il avant d'exclure cependant une nouvelle fois toute association avec Hachemi Hamdi (fondateur du mouvement "Pétition populaire", dont les partisans sèment le trouble à Sidi Bouzid depuis l'annonce des résultats définitifs, qui ont vu plusieurs de leurs listes invalidées) "parce qu'il a été un allié de la dictature".

 

Interrogé par ailleurs sur le courant salafiste, et sur le fait de savoir si la base d'Ennahdha n'est pas plus extrémiste que ses dirigeants, Rached Ghannouchi a déclaré: "Nous, nous pensons qu'il n'y a aucune contradiction entre l'islam et la démocratie, l'islam et la modernité, l'islam et l'égalité des sexes". "Les salafistes ont le droit d'avoir leur opinion. Même si elle n'est pas bonne, l'Etat n'a pas à s'en mêler, sauf s'ils commettent des violences".

 

Quand on lui demande si son mouvement a pour but d'établir une république islamique, il note que la Tunisie est déjà, en vertu de la Constitution en vigueur, "un état musulman dont la religion est l'islam": "Cet article (1) fait aujourd'hui consensus dans tous les partis, nous ne voulons rien ajouter, rien retrancher", ajoute Rached Ghannouchi. Et de souligner que "tous les Tunisiens s'accordent sur leur identité arabo-musulmane".

 

Quant à la charia, il juge que "celle-çi n'a jamais quitté la Tunisie: la loi tunisienne en est en grande partie inspirée". Et d'affirmer vouloir baser la gouvernance par Ennahdha sur "les valeurs islamiques basées sur l'égalité, la fraternité, la confiance et l'honnêteté", qui selon lui "sont l'essence de la charia".

 

Enfin, Rached Ghannouchi réaffirme qu'Ennahdha est "contre toute normalisation des relations avec Israël", même s'il ajoute que "ce sera au gouvernement de décider".


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