Publié le 06-03-2018

BCE au Parisien : Le pouvoir veut importer un islam de rigueur d'Arabie Saoudite

Béji Caïd Essebsi, a accordé une interview au journal Le Parisien ou il est revenu sur la situation en Tunisie.



BCE au Parisien : Le pouvoir veut importer un islam de rigueur d'Arabie Saoudite

AVA DJAMSHIDI, journaliste au Parisien a interviewvé Béji Caid Essebsi président de Nidaa Tounes.



Deux Françaises des Femen sont incarcérées à Tunis. Qu’en pensez-vous ?


BÉJI CAÏD ESSEBSI. Je suis pour la liberté d’expression. Mais il faut tenir compte des traditions. La Tunisie est gouvernée par des islamistes favorables a un port du niqab. Des jeunes filles qui se dévêtissent devant un tribunal, ce n’est habituel. Or, ce qui est excessif est injuste. La décision de justice l’est tout autant. J’espère qu’elles pourront rentrer chez elles dans les meilleures conditions.


 

Des jeunes qui s’embrassent dans les transports sont condamnés par la justice. Les libertés sont-elles menacées ?



Il y a des tentatives pour empiéter sur les libertés. Notamment celles des femmes. Nous veillons à ce que leurs acquis soient préservés.


La religion est-elle de plus en plus présente en Tunisie ?



Le peuple tunisien est musulman depuis quatorze siècles. C’est un islam de tolérance. Ce que le pouvoir veut importer en Tunisie, c’est un islam de rigueur, qui vient d’Arabie saoudite. Mais je ne pense pas qu’ils réussissent. Ils tentent d’introduire la charia dans la constitution. Cela nous pose des problèmes.


Ennahda a été porté au pouvoir par les urnes après la révolution. Pensez-vous que ce parti réponde aux attentes ?



La révolution a été l’œuvre de la jeunesse qui s’est mobilisée pour les libertés, mais surtout en raison des problèmes socioéconomiques. Mais lors des élections, Ennahda a obtenu une majorité relative, car beaucoup de Tunisiens ont voté pour sanctionner les anciens du régime de Ben Ali.
 


Les élections législatives et la présidentielle étaient annoncées pour le 23 juin. Elles n’ont cessé d’être reportées. La date n’est pas fixée. Seront elles libres et transparentes ?



C’est toute la question ! D’abord, ces reports sont très mauvais pour le climat politique et social. Ensuite, le peuple tunisien n’acceptera pas des élections trafiquées. Il faut que le scrutin soit contrôlé par des observateurs internationaux.


Serez-vous candidat ?
 

Si je suis en vie... Les Tunisiens me connaissent et nous font confiance. En créant Nidaa Tounes, nous avons pris le soin d’ouvrir les portes à toutes les bonnes volontés, de la classe ouvrière, de la gauche, du Parti destourien, qui a construit l’Etat moderne, et des indépendants...

 

Beaucoup de Tunisiens restent défiants à l’égard de ceux qui ont exercé de hautes fonctions avant la révolution, ce qui est votre cas.


Ceux d’avant ne sont pas tous mauvais. Ceux qui ont commis des infractions relèvent des tribunaux. Les autres ont le droit d’exercer la politique. La justice a condamné Ben Ali.


Sa peine n’a pas été exécutée. Va-t-il finir sa vie tranquillement en Arabie saoudite ?
 


Dieu seul le sait. On ne peut pas l’extrader. C’est totalement injuste.
 


Le Parisien
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