Publié le 06-03-2018

Myriam Ben Mohamed, encore une fois au commissariat, encore une fois coupable !

Non son combat n'est pas fini, elle la victime, elle qui a été violée et elle qui a eu le courage de dénoncer, de porter plainte, de casser le tabou. Mais, aux yeux de certains, elle est justement coupable d'en avoir parlé et coupable d'avoir obtenu un semblant de justice...



Myriam Ben Mohamed, encore une fois au commissariat, encore une fois coupable !

Le 31 mars dernier, la justice tunisienne reconnaissait la culpabilité des 3 policiers auteurs du viol, les condamnant à 7 ans de prison. Cette peine a été tout de suite dénoncée comme insuffisante et le verdict perçu comme 'clément et disproportionné par rapport à la gravité du crime,'  la victime n'a-t-elle pas été violée par ceux qui étaient supposés la protéger ?

Mais, ce n'est pas fini car, le parquet avait fait appel le lendemain du verdict et Myriam se présentera devant la cour ce lundi 29 septembre.

Son comité de soutien appelle donc à une mobilisation, lundi, devant le tribunal d'appel à Bab Bnet, en soutien à Myriam mais également à toutes les femmes tunisiennes victimes de violences.

Le 30 septembre est une autre date importante pour Myriam, car elle devra également se présenter au commissariat de police, puisque ses agresseurs ont porté plainte contre elle, l'accusant de les avoir menacés de mort.

«Créer une diversion sur l’affaire principale et essayer de lui arracher encore son statut de victime, et faire d’elle une coupable sont les raisons de cette plainte » peut-on lire sur le mur de l’événement créé pour l'appel à mobilisation.

Certes, le 31 mars dernier et dans une première, la justice tunisienne, souvent pointée du doigt pour son manque d'indépendance s'est rangée du côté de la victime, face à ses bourreaux en uniforme, mais confirmera-t-elle son choix ce lundi ?

Ce procès est aussi une première, car l'on a osé parler de viol et admettre que 'OUI' le viol existe dans notre société et que 'NON' la victime n'est pas coupable.

Mais, d'un autre côté, on ne peut complément se débarrasser des séquelles d'un État policier qui persiste et le procès n'est pas fini, d'où l'appel à mobilisation.

Rappelons, pour finir, que l'article 46 de la nouvelle constitution tunisienne stipule que 'L’État prend les mesures nécessaires afin d’éradiquer la violence contre la femme', alors verra-t-on l'Etat mettre en place les dispositions nécessaires pour rendre effectif cet article ?
 


Hajer Boujemâa
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