En vidéo – Amnesty International : Violences sexuelles basées sur le genre, quand la victime est sanctionnée

Amnesty International a présenté ce matin son rapport sur les violences basées sur le genre en Tunisie.



En vidéo – Amnesty International : Violences sexuelles basées sur le genre, quand la victime est sanctionnée

Ce rapport présente des cas de violences visant des femmes et des groupes exposés aux violations des droits humains, dont des personnes prises pour cibles en raison de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle. Il fait partie de la campagne mondiale d'Amnesty International intitulée « Mon corps, mes droits », qui vise à ce que les instances étatiques cessent de régenter et de criminaliser la sexualité et la procréation.

Perçue de l’extérieur par le reste du monde comme le pays arabe ayant acquis le plus d’avance en matière d’égalité entre les genres et en matière de droits des femmes, la Tunisie a cependant du chemin à parcourir pour éradiquer toute forme de discrimination.

Le rapport d’Amnesty, élaboré après consultation de psychologues, de médecins légistes et de victimes de violences, montre qu’à maintes reprises, la victime de violences en Tunisie n’est pas protégée, qu’elle ne reçoit pas le traitement adéquat et que les rôles sont souvent inversés.
Il ya 3 ans, Meriem Ben Mohamed (pseudonyme) a été victime d’un viol et de racket par 3 policiers. Après une bataille menée par la victime, ses avocats et plusieurs représentants de la société civile, deux des bourreaux ont été condamnés à 15 ans de prison. Mais, au début, C’est Meriem qui a eu a répondre devant les juges d’une accusation d’atteinte aux bonnes mœurs.

Au-delà de la sensibilisation de la société tunisienne aux formes de violences et au fait que la victime n’est nullement responsable, il y a tout un travail à faire sur la législation et qui doit être basé sur la constitution et les conventions internationales (telles la CEDAW) signées par la Tunisie.

Les violences basées sur le genre atteignent les femmes mais aussi les personnes LGBT. Elles ont lieu dans le milieu familial mais aussi dans les milieux tels que les postes de police où les victimes sont supposées être aidées, soutenues et protégées et non harcelées et abusées.

« En Tunisie, les travailleurs et travailleuses du sexe sont aussi particulièrement exposés au risque d'exploitation sexuelle, de chantage et d'extorsion principalement de la part de la police. Comme leur travail est réprimé par la législation pénale, ils n'osent souvent pas porter plainte pour les violences commises contre eux, par crainte de poursuites judiciaires.

Une femme a raconté à Amnesty International avoir été pendant deux ans exploitée et soumise à des abus sexuels par un policier après qu'il eut découvert qu'elle était une travailleuse du sexe » affirme le rapport.

L’adultère, le viol conjugal, le harcèlement, ne sont pas fermement condamnés par la législation et les victimes, parfois inconscientes du fait d’être victimes, n’osent pas porter plainte.

Dans ce sens, Amnesty International, a adressé au gouvernement Tunisien, les recommandations suivantes :

- Veiller à ce que les victimes de violences sexuelles et liées au genre bénéficient d’un meilleur accès aux services de santé et à la justice, sans être confrontées à des préjugés sociaux et juridiques.

- Adopter une législation complète de lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles, conformément aux obligations internationales de la Tunisie en matière de droits humains.

- Modifier les lois nocives et en particulier : reconnaître le viol conjugal, empêcher les violeurs et les kidnappeurs d'échapper à des poursuites judiciaires en se mariant avec leur victime adolescente ; et cesser de réprimer pénalement les relations sexuelles entre adultes non mariés consentants ainsi que les relations sexuelles entre personnes de même sexe.


Hajer Boujemâa
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