Publié le 06-03-2018

Les banques internationales ne savent pas orthographier Kadhafi ou Mohammed

Dans leur recherche des comptes des dirigeants des régimes autoritaires (Tunisie, Egypte, Libye) afin de les geler, les banques sont tombées sur un écueil: l’orthographe de leur patronyme et «la myriade de façons de transposer des noms arabes», selon l’expression du Wall Street Journal. Un problème qui vient se rajouter au fait que ces dirigeants peuvent par ailleurs se cacher derrière un homme de paille ou des sociétés offshore.



Les banques internationales ne savent pas orthographier Kadhafi ou Mohammed

Selon le quotidien économique américain, la liste de sanctions publiée par le département du Trésor à Washington ne contient que «douze orthographes possibles pour Mouammar Kadhafi, alors que les experts en linguistique disent qu’il y en a plus de cent rien que pour le nom de famille». Un article du quotidien irlandais Irish Times que nous avions relayé fin février faisait déjà état de 112 orthographes possibles, avec par exemple de nombreuses variations entre les médias anglo-saxons (Kadafi, Qaddafi, Gaddafi, Gadafy…). Le Wall Street Journal rappelle aussi que Mohamed peut être transposé en Mahmut, Mehmud ou en «dizaines d’autres variantes» (sans oublier Mohammed en français...).

130.000 versions possibles

Face aux difficultés rencontrées par les banques, obligées de «parcourir les fichiers clients manuellement» afin de trouver les noms, des entreprises ont proposé leurs services. Le Wall Street Journal cite, entre autres exemples, le cas de CJK Dictionary Institute, une petite société qui compile le maximum de variantes pour les noms arabes, et est par exemple arrivée à 130.000 versions possibles pour Hatem Ahmad Barakat, un individu présent sur la liste américaine.

Son fondateur, Jack Halpern, «qui dit qu’il parle dix langues et est connu pour arriver aux conférences linguistiques sur un monocycle», a mené des études d’arabe avant de réaliser «qu’une liste de noms constituerait une aubaine pour les officiers chargés de la lutte anti-terroriste et du contrôle aux frontières —et, plus récemment, pour les départements des banques chargés d’empêcher le blanchiment d’argent». «J’ai constaté une demande énorme pour les noms, donc j’ai mis beaucoup d’énergie là-dedans», affirme-t-il. Un autre expert, Bertrand Lisbach, qui dirige une société qui développe des moteurs de recherche de noms tenant compte des variantes, résume la situation en une formule.


Slate.fr
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