Publié le 06-03-2018

La vie à corps perdu, la scène encore en vie

Nous avons déjà annoncé l’évènement : la pièce de théâtre « Kasr echouk » ou « La vie à corps perdu » (mise en scène Noomen Hamda) est en cycle à la salle du quatrième art du 02 au 07 septembre 2010. Le 03 septembre nous étions là, au fameux théâtre de l’avenue de Paris afin de suivre le spectacle.



La vie à corps perdu, la scène encore en vie

Sans vous réécrire le synopsis, qui a été déjà annoncé dans un article précédent, l’histoire se passe un 31 décembre dans un hôpital. Les personnages sont tous ce qu’on peut trouver d’ordinaire dans un hôpital : un couple de médecins, un infirmier, un malade qui frôle l’agonie et une visiteuse. Cependant, l’extraordinaire était de ressortir de ce cadre très classique, un quotidien vu sous un angle philosophique.

Les dialogues, les monologues, la voix off, rien n’était aléatoire dans la pièce de Noomen Hamda. On avait l’impression que le metteur en scène racontait sa propre expérience avec la maladie. Cette expérience très dure dont il a su ressortir une jolie pièce. C’était un revenu du monde des morts. Les chevauchements entre les passages ascendants et les moments de silence, et surtout la voix du patient qu’on ne voyait jamais parler mais qui passait en retirant derrière lui ses douleurs physiques et ses souffrances psychologiques.

De l’histoire du couple qui se perd dans son quotidien et perd en conséquence un amour corrompu par la routine et les protocoles, à l’infirmier frustré par ses angoisses et les souvenirs d’une enfance censurée, à la jeune fille qui attend sa sœur jumelle absente depuis 14 ans et hospitalisée à cause d'un accident grave, à ce malade mystérieux qui s’attache et se détache à l’espace tangible et nous donne des fois l’impression qu’il s’agit d’une voix céleste, de l’interférence même de ces histoires Noomen Hamda a tissé un canevas mitigé, audacieux et a remué le couteau dans les plaies sociales tant ignorées.

 Le jeu d’acteur était très remarquable. Une fois de plus, Jamila Chihi qu'on connait plus à la télé, a prouvé qu’un bon acteur ne peut jamais être prisonnier d’un seul rôle. Abdelmoeem Chwayet nous a épatés avec son jeu tellement spontané malgré la complexité du personnage, passant de la dérision à la tragédie dans des moments des fois, purement existentialistes. La belle surprise a surgit avec la présence de Amina Dachraoui, la jeune diplômée de l’ISAD qui n’a rien épargné au succès de son rôle. De son coté Noureddine Bousselmi, a su marquer sa présence malgré l’absence de dialogue et le docteur Ghazi Zaghbani était bien convaincant entre l’indifférence qui tue et la sensibilité extrême.

Kasr Echouk n’est peut être pas une pièce parfaite, ni révolutionnaire dans le sens des thèmes traités. La pièce ne présente, peut être, pas un investissement énorme et ne s’introduit pas non plus dans le circuit de la comédie qui « rapporte ». C’est une pièce dont le public était très rare mais dont la touche humaine est très claire, une mélodie ou chacun de nous peut se trouver dans l’une de ses notes.  

Pour ceux qui ont raté les présentations précédentes, c'est l'occasion ou jamais pour se rattraper ce soir.     


Amal
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