Publié le 06-03-2018

Le climat de schizophrénie post-révolutionnaire tunisien au cœur de la fiction gagnante au MADE in MED

La jeune réalisatrice tunisienne Doria Achour a remporté le Prix du Public du concours de courts-métrages MADE in MED pour son court-métrage Laisse-moi finir.



Le climat de schizophrénie post-révolutionnaire tunisien au cœur de la fiction gagnante au MADE in MED

Laisse-moi finir suit Sonia, qui ne croit plus en l'engagement, qu'il soit amoureux ou politique. Elle erre entre Paris et Tunis établissant un constat amer sur l'après-révolution tunisienne. Le film a réuni 370 votes d'internautes sur plus de 1.400 pour les 12 finalistes du concours, du 28 avril au 28 mai.

« Je suis très heureuse » a commenté la réalisatrice de 23 ans. « J’ai cherché à travers ce film à sortir du discours idyllique souvent rattaché à ce moment tunisien, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, pour différentes raisons. Je parle de « moment » car le film traite d'une étape, de cette nécessité de ne pas considérer cette révolution comme un acquis, de remettre sans cesse en question ce qu'il y a à y gagner, à y perdre (…) Le fait que ce soit un prix du « Public » est d'autant plus important pour un artiste, qui tend d'une manière ou d'une autre à l'universalité, et le fait de créer par un film l'adhésion d'une multiplicité culturelle, sur une thématique aussi précise est encourageant. »

« J'ai voulu pointer cette schizophrénie post-révolutionnaire dans laquelle le pays a été profondément plongé, les discours convenus et « bien-pensant » des sociétés bourgeoises, la nouvelle forme et place qu'a pris la religion. », ajoute Doria Achour, qui travaille actuellement sur la production de son second court-métrage et apparaîtra cet automne sur les écrans français dans le film Papa Was Not a Rolling Stone. « Par ce film je cherchais à capter une ambiance, un état précis, ces moments d'entre-deux, où l'on se rend compte après qu'un processus si important ait été lancé, que la route risque d'être très longue et sinueuse. Mais j'espère très belle aussi. »

Euromed Audiovisuel soutiendra la réalisatrice pour assurer la plus grande visibilité au documentaire, notamment lors de festivals partenaires du programme Euromed Audiovisuel.

Le mois dernier, les trois vainqueurs du premier prix du concours MADE in MED – la Palestinienne Fadya Salah Al-Deen avec My Children… My Love, le Syrien Amjad Wardeh avec War on Famous Canvas et le Jordanien Ahmad Saleh avec House – ont participé au festival de Cannes où ils ont pu promouvoir leurs courts-métrages au Short Film Corner, mais surtout avoir des rencontres fructueuses avec des professionnels de l’industrie. Tous trois continuent à être coachés par des spécialistes du scénario et du développement de projets pour un de leurs projets de films.


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