Publié le 06-03-2018

‘Le Challat de Tunis’ poursuit son aventure cannoise

Après sa première projection internationale à l'ouverture de la section Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), jeudi 15 mai au Cinéma Les Arcades à Cannes, "le Challat de Tunis" sera projeté ce lundi 19 mai dans le cadre des séances supplémentaires de l'ACID parmi une sélection de cinq autres films français dont une production franco-tchèque "Cesta Ven" de Petr Vaclav.



‘Le Challat de Tunis’ poursuit son aventure cannoise

"Le Challat de Tunis" est le seul film de la sélection des neuf longs métrages de l'Acid à être programmé trois fois. En effet, une troisième projection est prévue le 24 mai, un jour avant la clôture du festival de Cannes 2014 et l'annonce de la Palme d'Or, dans la soirée du 25 mai.
Commentée dans la presse électronique française, la programmation de ce film a été considérée souhaitable. En parlant de la benjamine des sections aux cotés des trois principales sections parallèles- Un certain regard, la Quinzaine des réalisateurs et la Semaine de la critique - l'Acid, lit-on sur le site Slate.Fr, "a choisi un film tunisien pour commencer, le d'ailleurs très remarquable "Challat de Tunis" de Kaouther Ben Hania, sur lequel, en revanche, on se fera un plaisir de revenir prochainement" (extrait d'un article de Jean Michel Frodon, publié le 17 mai 2014).

Ce premier long métrage de fiction (90 minutes), sorti donc en première internationale, avait connu le premier jour une grande affluence sur la Rue Felix-Faure d'où la décision a été prise pour l'ouverture d'une deuxième salle des Arcades dotée d'une capacité totale de 460 places et de trois écrans.
Avec beaucoup d'humour, Frédéric Ramade co-président de l'Acid a lancé : cela nous permet de doubler la capacité d'accueil et en même temps de ne laisser personne dehors.
"Le Challat de Tunis" est une co-production tuniso-française ayant eu le soutien du distributeur francais cette année Jour2fête.
Avec entre autres Kaouther Ben Hania (scénariste et réalisatrice), Jallel Dridi (qui campe dans le rôle de l'accusé) Moufida Dridi (la mère), ce film indépendant produit par Ahmed Attia Cinetéléfilms et la co-productrice française Julie Paratian, a été sélectionné par l'Acid qui œuvre depuis 1993 dans sa programmation au Festival International du Film de Cannes à montrer neuf longs métrages choisis par une quinzaine de cinéastes de l'association parmi plusieurs centaines de films en provenance du monde entier.
Pour cette année, parmi les neuf films, huit sont français et les deux autres sont une production tuniso-francaise et la deuxième une co-production franco-Tchèque. Ces films projetés soit en première mondiale ou en première internationale et qui sont des films indépendants, fictions et documentaires, parfois autoproduits, souvent premiers longs métrages, sont choisis par les cinéastes avec pour seuls mots d'ordres : le coup de cœur et la volonté de donner de la visibilité à des auteurs, souvent sans distributeur, pour faciliter la sortie de leurs films en salles.

A la soirée d'ouverture à laquelle étaient présents le ministre de la Culture Mourad Sakli et l'ambassadeur de Tunisie en France, le co-président de l'Acid , Frédéric Ramade aux côtés de Pierre Gras le délégué général (intérim) chez Acid, a tenu à rappeler que Le Challat comme tous les autres films a été sélectionné pour leurs sujets qui explorent des territoires inconnus, irréels ou méprisés, en jouant avec les craintes ou les préjugés.
Hybridant le documentaire et la fiction, les œuvres explorent des territoires qui creusent dans l'intemporel avec humour, émotion et inventivitéà Le coup d'envoi a été fait avec le Challat de Tunis qui a provoqué dès le départ des bousculades mais dans les règles du respect de l'art et de l'accès.
Selon différents témoignages, l'objectif de leur venue est cette curiosité de voir les films proposés par l'Acid, affichant le souci du devenir des œuvres après Cannes. Il faut mentionner à cet égard que l'Acid propose ensuite ces films à d'autres festivals, à des distributeurs et les accompagne ensuite à leurs sorties. Parmi les auteurs révélés de l'Acid, Lucas Belvaux, Alain Gomiz, et bien d'autres.
"Espérant que l'auteure de ce fameux Challat" soit un jour révélée à côté de ces noms, lance une festivalière à la sortie du film accueilli après sa projection par de forts applaudissements. La parole a été donnée ensuite à des professionnels, à la cinéaste et à des spectateurs dont des témoignages ont été recueillis sur place par la correspondante de l'agence TAP à Cannes, après la projection dans Les Arcades, l'une des quatre salles en ville ouvertes en dehors des salles de projections du Marché du film au Palais et au Riviera.
En le présentant, la réalisatrice Cati Couteau en parle :C'est un film émouvant et drôle à la fois. L'idée est intelligente, le montage est soigneusement élaboré dans un œuvre pleine d'humour (écouter extraits de vidéos)
Paroles de spectateurs et de la cinéaste

Des spectateurs dans la foulée en parlent "J'adore voir des films qui me font voyager vers d'autres contrées, ne partant d'aucune connaissance au préalable. J'ai beaucoup apprécié ce retour entre fiction et réalité sur une histoire qui semble être un fait divers mais le clap de fin de ce film, c'est qu'il invite à la réflexion sur toute cette histoire. Je félicite vraiment la cinéaste pour ce beau film bien que je crois que la version dans sa langue d'origine semblerait plus compréhensible et convaincante car le sous-titrage peut trahir en quelque sorte dans le sens ou il ne rapporte pas comme il se doit la vraie valeur des mots et des émotions. Mais bravo".
"La scène de l'homme qui nettoie la tombe et le chant lyrique dégagé de ses cordes vocales m'ont impressionné. J'ai vraiment apprécie en plus ce montage et le jeu vidéo m'a frappé. C'est vrai il y'a un choc dans ce film : il ne s'agit pas seulement de violence mais je crois que ce film a été un magnifique rendu d'un fait divers qui s'est passé en Tunisie. Toutefois, et en tant qu'anti-xénophobe, je pense que ce genre de malheurs existent partout dans le monde et même plus encore. La cinéaste a réussi à mettre nos nerfs à rude épreuve mais avec beaucoup d'humour et dans une belle mise en scène allégée et intelligente. C'est un film qui reste ouvert à de multitudes questionnements : le jeune Jallel est-il vraiment le coupable, ou une simple victime d'une société qui cherche un bouc-émissaire pour freiner la peur qui a enveloppé les femmes en 2003".

Ce film me rappelle l'œuvre égyptienne "Les femmes du bus 678" de Mohamed Diab qui s'attaque fort à un sujet tabou le harcèlement sexuel que le cinéaste a abordé à partir aussi de faits divers réels. Le Challat de Tunis nous donne ici à voir même s'il constitue des remous pour atteinte à l'image du pays ou de l'homme tunisien mais ça reste un film qui donne à voir des réalités qui peuvent inviter à la réflexion car de tels phénomènes existent dans d'autres sociétés sous d'autres multiples formes parfois plus douloureuses et amères. Je ne crois pas que c'est un film sur la Tunisie mais plutôt sur la violence qui puisse exister dans n'importe quel pays même en Occident.

La cinéaste en parle : le challat c'est en effet la violence apprivoisée "L'une des raisons de mon film c'est de faire bouger ou retourner le couteau dans la plaie.
J'avais une envie radicale d'aller creuser loin dans cette histoire avec humour parce que le défi était pour moi de faire crier les gens d'eux-mêmes parce que le Challat c'est en effet la violence qui est cachée en nous à des degrés potentiels. On essaie d'apprivoiser cette bête, c'est pas très joli parfois à voir parce que ça choque mais c'est la réalité nue"
 


TAP
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