Publié le 06-03-2018

La star Sotigui Kouyaté n’est plus

Originaire du Burkina Faso, il était l'un des comédiens les plus singuliers de la troupe de Peter Brook. Il est mort samedi, à Paris. Durant les dernières Journées Cinématographiques de Carthage en 2008, la star était parmi nous pour assister à cette manifestation prestigieuse. Originaire du Burkina Faso, il était l'un des comédiens les plus singuliers de la troupe de Peter Brook. Il est mort samedi, à Paris. Durant les dernières Journées Cinématographiques de Carthage en 2008, la star était parmi nous pour assister à cette manifestation prestigieuse.

 



La star Sotigui Kouyaté n’est plus

Originaire du Burkina Faso, il était l'un des comédiens les plus singuliers de la troupe de Peter Brook. Il est mort samedi, à Paris. Durant les dernières Journées Cinématographiques de Carthage en 2008, la star était parmi nous pour assister à cette manifestation prestigieuse.
 
C'était un griot. Mais il avait été également joueur de football. Il est mort samedi à l'hôpital Georges-Pompidou, à Paris, des suites de problèmes pulmonaires aigus. Sotigui Kouyaté était long comme une liane, sec comme une branche de bel arbre, doux comme un sage. Dans son art merveilleux de comédien ou de conteur, il y avait toute la grâce mystérieuse de l'Afrique.
 
C'est par le théâtre que nous l'avions connu, mais c'est par le cinéma qu'un large public l'a découvert, et notamment grâce à Black mic-mac (1986), comédie de Thomas Gilou, qui élargit le cercle de cet aristocrate de la troupe de Peter Brook. Au cinéma, on le vit dans IP5, de Jean-Jacques Beineix, dans Tombés du ciel, de Philippe Lioret. Récemment, dans London River, de Rachid Bouchareb, avec qui il avait aussi tourné Little Senegal. Pour ce personnage, pour ce rôle, pour cette incarnation belle et bouleversante, il avait obtenu, en 2009, l'ours d'argent à la Berlinale. Il était Ousmane, qui vivait en France, musulman. Il allait rencontrer, se disputer puis devenir l'ami taciturne de Mme Sommers, chrétienne et anglaise. Il avait fait le voyage, Ousmane, parce que, lors des attentats de Londres, son enfant avait disparu. Celui de Mme Sommers aussi. Magnifique et tendre équipée avec Brenda Blethyn.
Un célèbre footballeur
 
Sotigui Kouyaté était un homme d'une intelligence profonde. Né au Burkina Faso, en 1934, dans une famille où la mémoire et le récit importaient plus que tout, il avait été célèbre comme… footballeur - sélectionné deux fois en équipe nationale - avant d'enseigner, de faire de la radio puis de devenir comédien. Il avait un regard profond qui illuminait son visage osseux et une voix tendre, une voix de chuchotis qui donnait du moelleux à sa longue et maigre silhouette. Ces dernières années, avec ses cheveux longs retenus en tresse, un feutre sur la tête, il avait trouvé l'idéale silhouette qui disait sa bonté, sa gravité, sa malice aussi, son humour et son attention absolue aux autres et au monde.
 
Au théâtre, on ne risque pas de l'oublier. Il apportait une grâce, un charme. Il était impressionnant. Il fut de l'aventure du Mahabharata, joua Prospero dans La Tempête (avec deux débutants inconnus, Romane Bohringer et Clovis Cornillac), L'Homme qui prenait sa femme pour un chapeau, d'après la fabuleuse suite d'études d'Oliver Sacks, Antigone, Hamlet. Sa présence faisait merveille.
 
Source : le figaro
 
Vidéo des JCC 2008 où Kouyaté donne un avis (à la fin de la vidéo)
 

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