Publié le 19-08-2022

Mehdi, médecin tunisien qui rêve de rester en France

Radio France a publié un article annonçant que le statut des médecins diplômés hors de l'Union européenne va changer fin 2022, Le gouvernement Français a créé un nouveau statut unique qui risque de pousser dehors des centaines de praticiens.



Mehdi, médecin tunisien qui rêve de rester en France

Mehdi, arrivé à l’automne 2020, est aujourd’hui menacé de devoir quitter la France. Mehdi explique dans une interview accordée à Radio France qu’il était l’un des premiers de sa promotion et que le choix de sa spécialité (orthopédie) est « un peu une histoire d’amour ».

Mehdi a fait 12 ans d’études : cinq ans de médecine d’abord, puis deux ans de stages dans divers services et cinq années de spécialité.

« Sur dix médecins, quatre sont comme eux "stagiaires associés" dans le service d’orthopédie dans lequel exerce en ce moment Mehdi, autrement dit employés pendant deux ans par l’hôpital, via des contrats de six mois négociés de "gré à gré " avec la direction et qui sont en général renouvelés quatre fois. Afin de prétendre rester, ces "stagiaires associés" doivent désormais passer un concours. Concours que Mehdi a à la fois réussi et raté », raconte Radio France.

Mehdi est payé comme un interne en médecine qui débute son cursus en France. C’est-à-dire environ 1 400 euros nets par mois pour 50h de travail par semaine, à quoi s’ajoutent les gardes, rémunérées depuis le 1er juillet 154 euros bruts les jours de la semaine et 168 euros bruts les week-end et jours fériés.

La même source explique que l’autorisation d’exercice des Padhue vient d’être réformée. « Pour rester en France au terme de leurs deux années de "stagiaires associés", les Padhue qui comme Mehdi et Dany n’ont pas complété ces deux ans avant juin 2021, doivent désormais passer un examen. Or cet examen est devenu un véritable concours : il ne suffit donc plus d’avoir la moyenne pour être "reçu" ».

Les résultats sont tombés en février 2022. Mehdi a obtenu un peu plus de 14/20. Mais cela ne lui a pas permis de se retrouver sur la liste des lauréats : 21 postes seulement ont été ouverts dans sa spécialité, l'orthopédie, assure Mehdi alors "qu'il y avait environ 200 candidats".

« Dans son rapport d’activité 2021, le Centre National de Gestion (le CNG) explique qu’il a dû examiner plus de 12 000 dossiers de médecins étrangers souhaitant passer leurs EVC. Après sélection, quelques 8 000 candidats ont été retenus et 4 400 d’entre eux se sont rendus aux épreuves qui se tenaient à Rungis. Les autres ont pu concourir à l’étranger selon d’autres modalités. En février 2022, les résultats sont tombés comme un couperet : 1 716 lauréats ont obtenu un classement suffisant pour se voir inscrits sur une "première liste". Quelques centaines d’autres sur une liste d’attente », lit-on dans l’article.

"Pourquoi 1 716 lauréats ?" s’interroge Mehdi, qui voit bien au quotidien comment son service peine à trouver des médecins.

La même source a souligné dans son article que le premier faux-pas avait interdit aux médecins lauréats de rester dans le service qui les avait formés, ce qui a engendré un grand désordre.

Un autre souci majeur : le salarié et l’étudiant étrangers ont le droit de demander un ‘visa visiteur’ pour un membre de leur famille mais Mehdi « n’a pas le droit au visa visiteur, ni au regroupement, ni à l’attestation d’accueil". Pourtant, il n’a pas envie d’abandonner maintenant le rêve de travailler comme médecin en France.

Mehdi affirme même que ses anciens chefs l’appellent régulièrement de Tunis pour lui proposer du travail. "Comme j’étais l’un des meilleurs de ma promotion, ce ne sera pas difficile de trouver un bon poste là-bas, se raisonne-t-il, mais c’est vraiment dommage de ne pas pouvoir atteindre mes objectifs et de devoir renoncer à réaliser une partie de mes rêves ! C’est un peu frustrant, mais on va faire avec. Ce n’est pas la fin du monde."
 



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