Publié le 08-04-2022

Les révélations de la première étude scientifique sur les ''Déterminants des violences conjugale''

Le Ministère de la Famille, de la Femme, de l'Enfance et des Personnes âgées a annoncé que, dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre les violences faites aux femmes, L'Observatoire National pour la Lutte contre la Violence à l’Egard des Femmes a publié la première étude scientifique depuis son instauration, sous le titre « Les déterminants des violences conjugales » avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population.



Les révélations de la première étude scientifique sur les ''Déterminants des violences conjugale''

Le choix du thème de la violence conjugale n'était pas arbitraire, mais s'appuyait sur les statistiques de la Ligne Verte 1899 relatives au signalement des cas de violence contre les femmes, qui montraient une augmentation du phénomène de la violence conjugale, puisque le taux des appels liés aux signalements des cas de violences conjugales a dépassé les 75 %.

Cette étude scientifique a adopté une approche méthodologique multidisciplinaire basée sur une définition scientifique des concepts liés au phénomène, une analyse jurisprudentielle des décisions relatives à la violence conjugale et une analyse psycho-sociologique du phénomène.

L'étude a analysé un échantillon de 53 jugements dans le domaine de la violence conjugale, en plus des entretiens avec 20 femmes victimes de violence conjugale, dont l'âge varie entre 25 et 64 ans, et 10 hommes auteurs des violences, âgés entre 34 ans et 67 ans pour identifier les formes de violences conjugales, le profil de la victime et de l'auteur des violences ainsi que les causes des violences et leurs répercussions.

L'étude a montré que la forme la plus courante de violence subie par les épouses est la violence physique, suivie de la violence psychologique, tout en indiquant que la violence physique s’accompagne souvent de violences psychologiques. On relève aussi que la violence conjugale intervient le plus souvent en fin de journée, ce qui fait que la victime se trouve contrainte de quitter le domicile conjugal la nuit.

L'étude a également révélé certaines difficultés qui entravent la mise en œuvre de la Loi fondamentale n° 58 de 2017 visant à éliminer la violence à l'égard des femmes, d’où la nécessité de renforcer les mécanismes et les moyens de suivi et de mise en œuvre aux niveaux sécuritaire et judiciaire.

Les entretiens avec les femmes victimes de violence ont également montré que l'auteur de la violence récidive souvent mais qu’elles se trouvent contraintes de retourner au domicile conjugal après avoir été maltraitées et vivent sous la pression de l'humiliation et des coups.

Quant aux auteurs de violences, l'étude a montré qu'ils considèrent la violence domestique comme une affaire privée dans laquelle personne n'a le droit de s'immiscer, et qu'ils adhèrent à leur comportement violent, incarnant une mentalité de dominance masculine et un héritage social normalisant avec la violence.

Les entretiens menés dans le cadre de cette étude scientifique ont également montré une méconnaissance de la Loi n°58 de 2017, qui criminalise toutes formes de violences venant des deux parties.

L'étude des déterminants de la violence conjugale a conclu que le phénomène de la violence conjugale est un problème social complexe profondément ancré dans la société tunisienne pour différentes raisons. Cette situation fait que le domicile conjugal soit pour de nombreuses femmes un espace où elles subissent différentes formes de violences. Cet espace familial est devenu, pour certains, un espace insécurisé.

L'étude a présenté une définition approfondie du concept de violence et de ses différentes formes, en particulier le concept de violence conjugale. Elle a également proposé une lecture pour le traitement de cette question dans différentes conférences internationales en raison de son importance et de la gravité de ses conséquences sur la victime.

Les résultats de cette étude, réalisée par l'observatoire en tant que mécanisme scientifique, relevant du ministère de la Famille, de la Femme, de l'Enfance et des Personnes âgées, serviront de point de départ pour la mise en place de programmes de sensibilisation et pour l’adoption de mesures concrètes, en collaboration avec les différents intervenants dans la lutte contre le phénomène de la violence dans l'espace familial, dans la mesure où son impact dépasse la famille pour concerner l'ensemble de la société.


 



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