Publié le 25-11-2021

Farid Belhadj : L'État doit jouer un rôle réformateur !

Pour Belhaj, les institutions multilatérales, dont la Tunisie est membre, ont un rôle important à jouer parce qu'elles peuvent apporter une valeur ajoutée, notamment en termes d'expérience internationale et de benchmarking ...



Farid Belhadj : L'État doit jouer un rôle réformateur !

L'Etat a un rôle fondamental et central de régulateur de l'Economie, et ne doit en aucun cas être un acteur économique faiseur, a indiqué le vice-président de la Banque mondiale (BM) pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Farid Belhadj.
‘’Aujourd'hui, dans la région, le dénominateur commun c'est le rôle extrêmement lourd de l'Etat dans l'économie. Nous voyons dans un certain nombre de pays des efforts visant à élargir la voie au secteur privé mais avec régulation’’, a-t-il ajouté, au cours d'un webinaire organisé par l'IT Business School de Nabeul sous le thème ‘’L'Economie Tunisienne où allons Nous ?’’

Pour se faire, Belhaj a recommandé de garantir plus de transparence, ainsi qu'une nouvelle gouvernance et introduire un système judiciaire économique et social régulatif qui donne plus de confiance aux acteurs économiques.

Il a rappelé, par ailleurs, que la BM a deux priorités en Tunisie; à savoir le volet social et les réformes liées à la compensation, les entreprises publiques et la masse salariale

Cependant, le responsable a noté que la Tunisie n'a besoin ni de la BM, ni du FMI, mais plutôt de ses hommes et d'elle-même. ‘Le pays a besoin d'une réelle volonté politique de changer la manière avec laquelle il est géré’’, a-t-il expliqué.

Et de préciser : " Je parle ici de la dimension économique et sociale. Nous ne sommes pas dans la politique mais nous parlons plutôt de développement et de réformes’’.

‘’Il s'agit d'une interaction entre les deux parties’’, indique le responsable, estimant qu'il ne s'agit pas pour la BM de conditionner son engagement par des dimensions d'ordre politique et démocratique, car l'objectif est de trouver les moyens qui permettront à l'économie du pays de s'ouvrir davantage.

S'agissant de la conjoncture actuelle, Belhaj a qualifié la situation économique de la Tunisie de ‘’chaotique, d'extrêmement préoccupante et sans direction claire’’.

‘’A chaque fois qu'il y a un nouveau gouvernement dans tous les pays sur lesquels on travaille, la BM propose un livre blanc donnant des recommandations selon les données observées’’, a rappelé Belhaj, ajoutant que cette feuille de route comporte les points qui devront constituer des priorités.

Pour sa part, le président de l'Ordre des experts comptables, Walid Ben Salah a souligné que l'Etat doit jouer un rôle dynamique selon une nouvelle approche et une vision claire afin de pouvoir être un régulateur, tout en libéralisant l'initiative du secteur privé.

L'Etat est considéré, aujourd'hui, comme un obstacle notamment avec les procédures administratives, le poids du budget de l'Etat sur l'économie nationale et les blocages au niveau de plusieurs secteurs essentiels, a-t-il fait savoir.

Il a rappelé par ailleurs que les vulnérabilités structurelles qui perdurent depuis plusieurs années et la crise du Covid-19 sont à l'origine de la situation économique chaotique.

De son côté, l'ex ministre et président du parti Afek Tounes, Fadhel Abdelkefi a rappelé que la période post Révolution a été marquée par l'arrêt des trois principaux moteurs de la croissance; à savoir le budget d'investissement, le secteur privé et l'investissement international.

La Tunisie dispose d'énormes potentiels économiques, estime Abdelkefi, ajoutant que la seule porte de sortie de cette situation est de remettre le pays au travail et de créer de la richesse. La démocratie ne peut être consolidée que par la prospérité économique, a-t-il indiqué.

Il a recommandé, dans ce cadre, la nécessité de mettre à niveau l'arsenal juridique du pays vu les lois actuelles sont inapplicables, obsolètes et ne peuvent plus fonctionner dans une économie mondialisée. L'arsenal juridique qui touche l'agent économique tunisien et international doit être simplifié a-t-il avancé.

Pour Hedi Larbi, conférencier à Harvard School of Goverment, le développement économique et social est un problème très complexe qui nécessite des réformes structurelles et non pas de petites réformes temporaires.

Ce développement est tributaire de la qualité des institutions économiques, politiques et sociales qui fait qu'un pays se développe ou ne se développe pas.

Il a mis l'accent dans ce cadre sur la nécessité d'élaborer une feuille de route et garantir la mise en place d'institutions économiques et politiques favorables au développement.

Il a appelé à l'élaboration d'un programme de relance et de sauvetage de l'économie et un programme d'investissement public de remise à niveau des services publics, de l'infrastructure et des entreprises et de la relance de la production.



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