Publié le 06-03-2018

Égypte : 464 morts dans les violences , dont 43 policiers

La dispersion sanglante des manifestations au Caire réclamant le retour du président déchu Mohamed Morsi et les violences à travers l'Égypte ont fait mercredi 464 morts, en grande majorité des civils, a annoncé le ministère de la Santé.



Égypte : 464 morts dans les violences , dont 43 policiers

Détaillant le bilan, le porte-parole du ministère Mohammed Fathallah a précisé que 61 personnes avaient trouvé la mort sur la place Rabaa al-Adawiya, principal rassemblement pro-Morsi et 21 sur la place Nahda, où étaient également massés des pro-Morsi.

Mais le bilan est probablement bien plus élevé, un journaliste de l'AFP ayant décompté 124 cadavres sur la seule place Rabaa al-Adawiya, QG des manifestants pro-Morsi au Caire, où le ministère de la Santé a fait état de 61 morts.

43 policiers morts

En outre, 43 policiers ont été tués, selon le ministère de l'Intérieur. Le ministre de l'Intérieur Mohammed Ibrahim a précisé que "dix-huit officiers de police, dont deux généraux et deux colonels, 15 agents, neuf conscrits et un employé civil de la police" ont péri mercredi, a-t-il détaillé. La police et l'armée ont pris d'assaut deux places de la capitale occupées par les pro-Morsi.

"Les instructions étaient de n'utiliser que les gaz lacrymogènes, pas d'armes à feu", a assuré le ministre. "Mais quand les forces de sécurité sont arrivées, elles ont été surprises par des tirs nourris", a affirmé M. Ibrahim pour qui "la police a fait preuve d'un maximum de retenue".

Calme précaire

Alors que le Prix Nobel de la paix Mohamed El Baradei a démissionné de son poste de vice-président, refusant "d'assumer les conséquences de décisions avec lesquelles il n'était pas d'accord", le Premier ministre nommé par l'armée Hazem Beblawi a, lui, salué la police pour "sa très grande retenue".

À l'issue d'une journée de heurts meurtriers, les autorités ont décrété l'état d'urgence et un couvre-feu dans la moitié des provinces, dont celles du Caire et d'Alexandrie (nord). Une heure après l'entrée en vigueur de ce couvre-feu, des responsables de la sécurité ont indiqué à l'AFP que le calme était revenu dans l'ensemble du pays.

Condamnations internationales

À Washington, le secrétaire d'État américain, John Kerry, a exhorté à organiser ces scrutins, condamnant un bain de sang "lamentable". La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton qui, la première, avait tenté une médiation au Caire, a réclamé la levée de l'état d'urgence "dès que possible".

Paris a appelé à "l'arrêt immédiat de la répression" et saisi l'ONU "pour qu'en urgence une position internationale soit prise en ce sens". Son secrétaire général Ban Ki-moon a, lui, "condamné dans les termes les plus fermes les violences".

 

Ankara, qui s'était opposé à la destitution de Mohamed Morsi, l'Iran et le Hamas palestinien ont dénoncé un "massacre".

Le Qatar, principal soutien des Frères musulmans, a dénoncé "la méthode utilisée contre des manifestants pacifiques", tandis que Berlin lançait un appel au calme dans le pays, où les violences entre pro et anti-Morsi et entre pro-Morsi et forces de l'ordre avaient auparavant fait plus de 250 morts depuis fin juin, essentiellement des manifestants islamistes.


AFP
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