Publié le 06-03-2018

En Espagne, la condamnation du tueur d'un voleur suscite un vif débat

Le sort d'un jeune Espagnol condamné pour l'homicide involontaire d'un voleur suscite un vif débat en Espagne où l'affaire est instrumentalisée par l'extrême droite qui a levé plus de 100.000 euros pour lui éviter la prison.



En Espagne, la condamnation du tueur d'un voleur suscite un vif débat

Témoin en février 2015 de l'agression d'une femme à qui l'on venait de voler son sac, Borja W. V., employé d'une discothèque, a poursuivi l'un des voleurs et lui a asséné deux coups de poing.

Tombé à terre, le voleur est mort deux jours plus tard des suites d'un traumatisme crânien avec hémorragie cérébrale, peut-on lire dans la décision du tribunal de Malaga qui a condamné Borja en décembre à deux ans de prison pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

Le jeune homme doit également verser 180.000 euros d'indemnisation aux deux filles de la victime.

Sa condamnation a été confirmée en appel en avril.

Largement médiatisée par la presse conservatrice, l'affaire a pris une tournure politique lorsque le parti d'extrême droite Vox a lancé ces derniers jours un financement participatif pour aider Borja à payer l'indemnisation afin de lui éviter une possible incarcération.

En Espagne, les personnes condamnées à des peines allant jusqu'à deux ans de prison ne vont généralement pas en prison si elles n'ont pas d'antécédents. Mais le tribunal menaçait de l'incarcérer s'il ne versait pas les 180.000 euros.

Mardi, le parquet s'est prononcé en faveur de la suspension de la peine de prison et de l'étalement du paiement de l'indemnisation sur cinq ans. Le juge doit encore prendre sa décision.

Vox a réussi à récolter au moins 110.000 euros, a assuré mercredi l'un de ses dirigeants, Ivan Espinosa de los Monteros. Borja "est un héros", "un exemple pour la société espagnole, qui peut finir en prison pour avoir aidé une femme", a-t-il justifié.

L'argent récolté par Vox sera directement versé au tribunal, a assuré l'avocat du condamné, Alfredo Herrera.

Plusieurs personnalités du monde juridique ont cependant défendu la décision du tribunal et dénoncé une instrumentalisation de l'affaire.

"Ce n'est pas de la légitime défense que de tuer quelqu'un à coups de poing après l'avoir poursuivi pour récupérer un sac volé et ensuite partir sans appeler la police. Prétendre légaliser la conduite de l'affaire Borja ne peut qu'aboutir au fascisme citoyen", a ainsi écrit sur Twitter Joaquim Bosch, porte-parole du syndicat Juges pour la démocratie, classé à gauche.


AFP

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