Publié le 06-03-2018

Meurtre de Khashoggi, 5 peines de mort requises

Le procureur général saoudien a formellement requis la peine de mort contre cinq suspects, à l'ouverture jeudi du procès des meurtriers présumés du journaliste Jamal Khashoggi, alors que des zones d'ombre demeurent dans cette affaire qui a terni l'image du royaume.



Meurtre de Khashoggi, 5 peines de mort requises

Les avocats ont demandé à prendre connaissance des accusations exactes portées contre leurs clients et un délai pour les étudier. Le tribunal a accédé à leurs demandes, sans fixer de date pour la prochaine audience, selon le communiqué.

Le procureur saoudien a indiqué que ses deux demandes auprès des autorités turques pour obtenir des éléments de preuve sur cette affaire sont restées sans réponse.

"Ce procès suscite un immense intérêt au niveau international, mais aussi beaucoup de suspicion quant à savoir si les responsables réels du crime seront tenus de rendre des comptes", a déclaré à l'AFP HA Hellyer, membre associé du Royal United Services Institue.

Après avoir un temps nié la mort du journaliste, Ryad a fini par expliquer qu'il avait été tué lors d'une "opération hors de contrôle" de l'Etat, supervisée par deux hauts responsables qui ont été destitués depuis.

La justice saoudienne n'a pas traîné en désignant dès le 15 novembre 21 suspects et en inculpant onze personnes.

Son impartialité dans cette affaire est mise en doute par des défenseurs des droits de l'Homme, dont Samah Hadid, directrice des campagnes d'Amnesty International au Moyen-Orient.

"Vu le manque d'indépendance du système de justice pénale en Arabie saoudite, l'impartialité de toute enquête et de tout procès serait mise en doute", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Le 20 octobre déjà, les autorités saoudiennes ont annoncé, sans convaincre, le limogeage de cinq personnalités présentées comme des responsables indirects du meurtre.

Parmi elles figure le général Ahmed al-Assiri, chef adjoint du renseignement accusé, selon le procureur, d'avoir ordonné à une équipe de 15 agents de ramener de "gré ou de force" Khashoggi en Arabie saoudite.

Autre responsable destitué: Saoud al-Qahtani, conseiller à la Cour royale qui aurait joué un rôle de premier plan dans l'expédition turque.

On ignore si ces anciens responsables seront au non poursuivis par la justice.

Mais Saoud al-Qahtani figure sur une liste de 17 responsables saoudiens sanctionnés par les Etats-Unis et d'autres pays occidentaux pour leur "responsabilité ou leur complicité" dans le meurtre.

Le président américain Donald Trump a refusé de suivre les conclusions de la communauté du renseignement qui penche pour une responsabilité du prince héritier. Il n'a jamais mis directement en cause Mohammed ben Salmane.

Mais d'influents parlementaires au Congrès américain n'ont pas renoncé à l'idée de représailles contre Ryad et pourraient accentuer la pression sur M. Trump dans les prochaines semaines.


AFP

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