Publié le 06-03-2018

Le président ukrainien évoque la ''menace d'une guerre totale'' avec Moscou

Le président ukrainien Petro Porochenko a évoqué la "menace d'une guerre totale" avec la Russie qui a selon lui "augmenté drastiquement" sa présence militaire à la frontière, dramatisant encore la situation déjà tendue depuis la capture de navires ukrainiens en mer Noire.



Le président ukrainien évoque la ''menace d'une guerre totale'' avec Moscou

Haussant le ton face à Vladimir Poutine, Donald Trump a, lui, menacé d'annuler sa rencontre prévue en fin de semaine avec son homologue russe au sommet du G20 en Argentine.

Le rapport sur la situation que ses conseillers à la sécurité nationale doivent lui remettre prochainement "sera déterminant", a dit le président des Etats-Unis dans un entretien au Washington Post. "Peut-être que je ne ferai pas cette entrevue" avec le maître du Kremlin, a-t-il prévenu, alors que la Maison Blanche venait de confirmer la tenue de la rencontre.

"Je n'aime pas cette agression. Je ne veux pas d'agressions", a insisté Donald Trump, souvent accusé d'être trop conciliant avec Moscou.

L'Ukraine et la Russie sont engagées dans leur pire bras de fer depuis plusieurs années, après la capture dimanche par les gardes-côtes russes au large de la Crimée de trois bateaux militaires ukrainiens, un incident inédit.

"Je ne veux pas que quelqu'un pense que ce sont des jeux d'enfant. L'Ukraine fait face à la menace d'une guerre totale avec la Fédération russe", a lancé mardi le président Porochenko sur trois chaînes de télévision ukrainiennes.

Selon lui, le nombre de chars dans des bases militaires russes le long de la frontière "a triplé" et le nombre d'unités militaires "a augmenté drastiquement".

Le président ukrainien a également fait état d'une forte augmentation du nombre de bateaux militaires russes dans la mer d'Azov et d'une présence militaire russe renforcée en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014.

Il s'agit de la première confrontation militaire ouverte entre Moscou et Kiev depuis cette annexion et le début la même année d'un conflit armé dans l'est de l'Ukraine entre forces ukrainiennes et séparatistes prorusses qui a fait plus de 10.000 morts.

Accusés d'avoir franchi illégalement la frontière russe, douze marins ukrainiens, sur les 24 faits prisonniers dimanche, ont été placés mardi en détention provisoire jusqu'au 25 janvier, conformément à la décision d'un tribunal de Simféropol, chef-lieu de la Crimée, a constaté un journaliste de l'AFP. Les autres marins doivent comparaître mercredi.

L'accrochage en mer Noire s'est produit lorsque les bâtiments de la Marine ukrainienne ont tenté de traverser le détroit de Kertch pour entrer dans la mer d'Azov, d'une importance cruciale pour les exportations de céréales ou d'acier produits dans l'est de l'Ukraine.

Les gardes-côtes russes, qui dépendent des services de sécurité (FSB), ont arraisonné par la force deux vedettes et un remorqueur ukrainiens, les accusant d'être entrés illégalement dans les eaux russes.

L'incident a été qualifié de "provocation" par la Russie, tandis que l'Ukraine a dénoncé un "acte d'agression" de Moscou, réclamant la libération des marins et le retour des navires.

Petro Porochenko a assuré avoir tenté, en vain, de joindre Vladimir Poutine. "J'ai été contraint" à demander à la chancelière allemande Angela Merkel "de discuter avec Poutine" de cet incident, a-t-il soutenu.

En réponse à l'incident, le Parlement ukrainien a voté lundi l'introduction de la loi martiale dans les régions frontalières, le président Porochenko justifiant cette initiative, sans précédent depuis l'indépendance de cette ex-république soviétique en 1991, par "la menace extrêmement élevée" d'une offensive terrestre russe.

Vladimir Poutine a mis en garde mardi l'Ukraine contre tout acte "irréfléchi" et fait part de sa "sérieuse préoccupation" à Angela Merkel, lui demandant de faire pression sur Kiev.

La loi martiale, qui entre en vigueur mercredi dans une dizaine de régions, va permettre pendant un mois aux autorités ukrainiennes de mobiliser ses citoyens, de réguler l'activité des médias et de limiter les rassemblements publics.

Aux yeux de Vladimir Poutine, "il est évident que tout cela a été fait en lien avec la campagne électorale en Ukraine" pour l'élection présidentielle du printemps.

Moscou assure avoir agi "en stricte conformité avec le droit international" et accuse Kiev de chercher "un prétexte pour renforcer les sanctions" de l'UE et de Washington contre la Russie, déjà en place depuis 2014.

La question de nouvelles sanctions européennes sera à l'étude à l'occasion d'une réunion en décembre.


AFP

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