Publié le 06-03-2018

Quand la télé populiste prolifère en Tunisie

La soirée télé du vendredi soir dans les foyers tunisiens est marquée par les deux prestations des frères Chebbi sur deux chaines phares des médias tunisiens.



Quand la télé populiste prolifère en Tunisie

Programmer des émissions avec la même thématique sur deux chaines concurrentes ne fait qu’augmenter le choix des Tunisiens de regarder qui va plus loin dans le voyeurisme, les scandales et les sujets qui choquent.

Un Tunisien toujours plus attiré par les malheurs des ‘cas’ (comme aime nommer les présentateurs les participants) qui viennent s’afficher et racontent ouvertement et sans réserve leurs problèmes. On y voit et entend déballer la vie intime conjugale, insulter les membres de sa propre famille, dévoiler les secrets de vie de personnes qui avaient vécu dignement jusque-là et autres affres qu’on ne saura se rappeler.

Les téléspectateurs sont souvent choqués et scandalisés. Ils dénoncent souvent certaines histoires qu’on y passe mais continuent à regarder ces émissions qui flattent leur orgueil de gens « normaux ». La médiocrité et les problèmes de la vie des autres les rassurent sur leur « normalité », insufflent de l’importance dans leurs petites vies et remplissent leur quotidien de médisance. 

Les producteurs et animateurs assument pleinement leur statut de télé poubelle ou populiste en prétextant que si ça fait du chiffre, c’est légitime. Ils passent et repassent les spots d’annonce avec un véritable matraquage à toute heure pour susciter la curiosité et attirer encore plus d’audimat. Les émissions passent en prime time malgré le contenu sensible et sans afficher aucune restriction d’âge pourtant nécessaire quand on voit la nature des problèmes exposés.

Il ne faut pas s’attendre à ce que les choses changent dans un avenir proche. Du chemin reste à faire pour espérer une matière télévisuelle plus riche en Tunisie, mais les autorités peuvent bouger pour freiner un peu l’appétit des télés à vouloir faire le buzz (et derrière du bénéfice) à tout prix et surtout au prix des malheurs des pauvres gens.
 


Ines Ayed

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