Publié le 06-03-2018

Les musées en Tunisie: Quel avenir?

L’association des anciens élèves du lycée Carnot a organisé samedi 05 mars 2011 à la librairie Art-Libris une conférence portant sur l'avenir des musées en Tunisie, un thème présenté par M. Habib Ben Younes, ancien conservateur du musée du Bardo et directeur des musées de Tunisie.



Les musées en Tunisie: Quel avenir?

L’association des anciens élèves du lycée Carnot a organisé samedi 05 mars 2011 à la librairie Art-Libris une conférence portant sur l'avenir des musées en Tunisie, un thème présenté par M. Habib Ben Younes, ancien conservateur du musée du Bardo et directeur des musées de Tunisie.

Loin de vouloir être pessimiste mais plutôt réaliste, le conférencier a dressé un tableau noir et braqué les feux du projecteur sur une situation alarmante du secteur des musées dans notre pays, lequel est censé constituer « un atout non négligeable du secteur touristique ».

M. Ben Younes a déploré des facteurs principaux qui ont contribué à la dégradation du secteur :

-      Une absence générale de culture muséale chez les Tunisiens et Tunisiennes. Le conférencier a avancé des chiffres de fréquentation des musées qui sont faibles par rapport au potentiel qui existe en la matière. Un exemple a été donné : au mois de Ramadan dernier, des musées ont ouverts leurs portes le soir dans certaines villes, et ce dans l’optique de laisser les gens profiter de la visite des musées après la rupture du jeûne. Bilan : environ 100 visites enregistrées au niveau des différents musées durant tout le mois!

-       Une carence de formation des professionnels du patrimoine d’un côté et un manque de conscience de leur part d’un autre côté. A cet égard, le spécialiste des musées a donné nombreux exemples. Dans une ancienne lettre qu’il a adressée à M. Mohamed Hssine Fantar en 1995, il a entre autres mentionné le fait que la surveillance des pièces du musée du Bardo était attribuée à une personne qui ne faisait pas partie du domaine et qui n’a pas été formée à cet effet. Aujourd'hui, le secteur a besoin d’un minimum de 500 personnes formées dans le domaine.

Par ailleurs, encore plus grave est le fait que nombreux archéologues ne déposent pas le produit de leur fouille durant les 5 ans qui suivent la découverte. Des gens sont partis à la retraite sans laisser les traces de leurs travaux, ni archives ni inventaires, déplore-t-il. L’on se retrouve facilement devant des pièces non répertoriées.    

-      Une absence de volonté politique de promouvoir le secteur pourtant « symbole identitaire et agent économique ». Les « complicités politiques » n’ont pas épargné le secteur.

-      Une absence d’un cadre juridique adéquat qui encadre le secteur. En effet, il n’existe pas de définition juridique de ce qu’est un musée, conjugué à une absence totale de détermination des différentes catégories de musées.  

 

Le secteur souffre, ainsi, de plusieurs maux qu’il faut traiter. De plus, beaucoup d’effort reste à faire au niveau de la diversification de l’offre des musées et de sa mise en valeur parce que la base existe : pièces rares, mosaïques inégalées dans le monde…  Il faut œuvrer à augmenter l’attractivité des musées jugés « inintéressants » et à réconcilier les Tunisiens avec leurs musées, voire leur patrimoine. Quelques extraits de la conférence en vidéo.


A.F
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