Publié le 06-03-2018

Le gouvernement français veut enrayer les filières djihadistes

Manuel Valls prépare le lifting des services de renseignement français. La DCRI va notamment devenir la DGSI et ne dépendre que du ministère de l'Intérieur.



Le gouvernement français veut enrayer les filières djihadistes

Chantier de Manuel Valls, la place Beauvau prépare le lifting du Renseignement alors que le gouvernement s'apprête à prendre des mesures pour freiner le départ de mineurs pour le djihad. "Il y aura une communication" sur les questions de terrorisme "dans les prochains jours en conseil des ministres", a annoncé jeudi le nouveau ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, lors d'une rencontre avec son homologue autrichienne, Johanna Mikl-Leitner. "J'aurai l'occasion de m'exprimer", a-t-il ajouté. Cette "communication", début mai, interviendra en même temps que la mise en oeuvre d'un grand lifting du Renseignement placé sous la coupe de l'Intérieur. Un chantier lancé il y a un an par Manuel Valls, deux ans après les ratés dans l'affaire Merah. Selon des sources gouvernementales, ce conseil des ministres sera "dédié" à la façon dont le gouvernement entend lutter contre les filières djihadistes en France, particulièrement vers la Syrie où des mineurs, de plus en plus nombreux, se rendent pour combattre.

Il s'agit, ont dit ces sources, de "mettre en musique" des mesures préconisées le 24 mars lors d'un conseil restreint de défense tenu à l'Élysée, autour du chef de l'État, consacré à ces sujets. Un "plan d'action" y avait été décidé, dont celui de "renforcer les moyens" devant la multiplication des départs de Français en Syrie. S'agissant des mineurs, "à destination de ce pays et d'autres", il est question de rétablir l'obligation d'une autorisation de sortie du territoire national, récemment supprimée. Le gouvernement entend aussi "engager des campagnes de sensibilisation en partenariat" avec les municipalités ou l'Éducation nationale et "créer des cellules à destination des familles concernées par des radicalisations". "C'est un changement de doctrine", font valoir les sources, et les services de Renseignement "sont appelés à suivre le mouvement, sans faiblir sur le répressif".

La DCRI deviendra DGSI

La direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), fusion des Renseignements généraux (RG) et de la DST (contre-espionnage) sous le gouvernement Sarkozy - mise en cause dans l'affaire Merah -, devient une direction générale (DGSI) en mai, un peu à l'image de la puissante direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). La DGSI quitte le giron de la direction de la police pour ne dépendre que du ministre de l'Intérieur et lutter, comme elle le fait depuis sa création, contre le terrorisme ou l'intelligence économique. Avec des moyens et une autonomie considérables : recrutement de 430 analystes, interprètes, informaticiens ou chercheurs sur cinq ans s'ajoutant aux quelque 3 200 fonctionnaires de police actuels, avec un budget propre. Les textes de décret sont prêts, a constaté l'AFP qui en a été destinataire. Ce devait être effectif le 1er mai, "plutôt début mai", a dit une source à Beauvau.

Pareil pour le renseignement dit de proximité jusqu'à présent traité par la sous-direction de l'information générale (SDIG), née elle aussi de la réforme de 2008, et qui a accueilli une partie des ex-RG. Parent pauvre du Renseignement, face au mastodonte DCRI, elle se transforme - le 1er mai également - en Service central du renseignement territorial (SCRT) pour surveiller les mouvements sociaux, dérives sectaires, violences urbaines et mouvements ultras à droite et à gauche, ces derniers relevant plutôt de la DCRI. Ces "RG new look", selon l'expression d'un policier, sont dirigés par un policier secondé d'un gendarme, les deux forces étant appelées à travailler ensemble. C'est là que le bât blesse : là où il est envisagé de mettre des gendarmes dans des antennes du SRCT, les puissants syndicats de police ont déjà créé une intersyndicale, comme à Narbonne et bientôt à Montbéliard. Ils se plaignent du "poids grandissant des gendarmes". Pas morte la guerre police/gendarmerie...


AFP

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