Publié le 06-03-2018

Médias tunisiens : une sphère morose

Radio, presse et télévision, les médias sont très présents et très importants dans notre vie. En Tunisie, nos médias, souvent critiqués, ont été secoués dernièrement. Un article et deux minutes de sketch ont suffi pour les réveiller. Bonne nouvelle ? Certainement pas.



Médias tunisiens : une sphère morose

Radio, presse et télévision, les médias sont très présents et très importants dans notre vie. En Tunisie, nos médias, souvent critiqués, ont été secoués dernièrement. Un article et deux minutes de sketch ont suffi pour les réveiller. Bonne nouvelle ? Certainement pas. Et pour cause l’état des lieux des  médias tunisiens n’a rien à envier.

 

La Presse et ses malentendus

La presse écrite est souffrante, on en a déjà parlé. On ne va pas en remettre une couche, mais plutôt faire un clin d'oeil au récent différend entre la presse écrite et la télé du Grand Maghreb. Loin d'enfler cette polémique, il faut avouer que  la liberté de la presse est un droit inébranlable. Tout journaliste a le droit de critiquer. Ce droit ne devrait pas être à son tour critiqué.  Evidemment, cette liberté de s’exprimer est limitée par le respect d’autrui. Mais où se trouve cette limite ? Où se trouve la frontière entre la critique objective et l’attaque personnelle ? Est-elle arbitraire ? Une phrase comme « Tata rapporteuse et cafteuse » (ndlr: Journal La Presse) ne constitue-t-elle pas une atteinte à la personne concernée ? Il faudrait tout de même revoir la définition de l'attaque personnelle et de la critique objective  avant de se défendre de toute bavure, et poser l’éthique du métier comme garant de la fausse bonne intention de la critique journalistique. Autre point  à soulever, sous forme d'interrogation, quand-est ce qu'on sera prêt à accepter les critiques en Tunisie?

Pauvre paysage audiovisuel

Si la presse tunisienne a du mal à s’imposer, l’audiovisuel ne s’en sort pas mieux. Une radio commerciale qui écrase toutes les autres, malgré ses multiples et graves défaillances (notamment le problème insoluble de ses animateurs avec la langue de Molière).  Côté télévision, l’écran est très pâle, et ce depuis des lustres. Nessma TV a voulu "innover" en "copiant" les concepts de la télévision française. Mais si on ne peut pas lui reprocher sa volonté de rendre une bonne copie du Grand Journal de Canal + avec son émission « phare » Ness Nessma, le rendu n’est pas tout fait à la hauteur. Reste un point à saluer, le talent de Sawssen Mâalej qui, très drôle, essaie de peindre les multiples facettes de notre société à travers ses différents personnages, certains plus réussis que d'autres. Mais, malheureusement un de ses sketchs a mis l’honneur de la chaîne sur la sellette. L'humour de la comédienne a été jugé « osé » et a dérangé les esprits conservateurs qui crient au scandale, oubliant de signaler que sur la chaîne publique, on assiste à bien pire et on n'en parle pas! Sur la chaîne publique, on diffuse des émissions où le scandale ne fait pas sourire, mais donne la nausée. Sur la chaîne publique, des gens viennent étaler leurs linges sales sans aucune pudeur. Sur la chaîne publique, on assiste à des situations indécentes et de loin plus embarrassantes que le sketch de Sawssen Mâalej et les 50cm de son co-animateur. Bizarrement, on ne s’indigne pas, mais on se félicite des chiffres d’audimat enregistrés. Cherchez l’erreur…

En résumé

La sphère médiatique tunisienne est triste, et ce n’est pas l’alimentation des polémiques et des scandales qui sauveront la mise. Car  du moment où la qualité n’y est pas, la fuite des téléspectateurs et des lecteurs est inévitable.

 

Sarah B.H

Articles liés:

Tunisie: La presse écrite fait grise mine

Nessma TV dans la tourmente

Nessma TV: "Nous attaquerons ceux qui nous attaquent"

Tous les articles de Controverse


medias-tunisiens-150310-1.jpg

Dans la même catégorie