Publié le 06-03-2018

Coran piétiné sur Internet, Tunis saisit Interpol

Le ministère tunisien de l'Intérieur a indiqué jeudi avoir ouvert une enquête et saisi Interpol après qu'un jeune Tunisien résidant "dans un pays européen" a diffusé sur internet une photo de lui piétinant un exemplaire du Coran.



Coran piétiné sur Internet, Tunis saisit Interpol

"A la suite de la publication sur des réseaux sociaux d'une photo d'un jeune en train de piétiner un exemplaire du Coran, une enquête préliminaire a déterminé que la photo a été prise en dehors du territoire de la république de Tunisie par un jeune Tunisien de moins de 20 ans résidant dans un pays européen", a indiqué le ministère.

"Une coordination avec le ministère public a été mise en place immédiatement, une enquête judiciaire sur le sujet ouverte, et Interpol a été informé pour que les mesures adéquates soient prises", a précisé le communiqué.

Le ministère n'a pas apporté plus de précisions sur l'identité du jeune homme ni sur les attentes de la Tunisie vis-à-vis d'Interpol.

La Tunisie ne dispose pas de textes de loi réprimant le blasphème ou l'atteinte au sacré mais la justice a eu recours à des accusations tel "le trouble à l'ordre public" pour poursuivre des personnes accusées d'avoir porté atteinte aux préceptes de l'Islam.

Un jeune militant athée, Jabbeur Mejri, a été ainsi condamné en mars 2012 à sept ans et demi de prison pour avoir publié sur internet des caricatures du prophète Mahomet. Un autre, Ghazi Beji, condamné à la même peine pour les mêmes faits, a obtenu l'asile politique en France.

En mai de la même année, le patron de chaîne de télévision Nessma a été condamné à une amende pour avoir diffusé le film franco-iranien "Persepolis" dont une scène avait été jugée blasphématoire.

La diffusion d'un film islamophobe sur internet, produit aux Etats-Unis, avait déclenché une violente attaque de manifestants salafistes contre l'ambassade américaine en septembre 2012, faisant quatre morts parmi les assaillants. Si des dizaines de protestataires attendent encore leur procès, d'autres n'ont été condamnés qu'à des peines avec sursis.

L'opposition accuse régulièrement les islamistes au pouvoir de tenter d'orchestrer une islamisation rampante de la société et de chercher à restreindre la liberté d'expression obtenue à l'issue de la révolution de janvier 2011.


AFP

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