Publié le 06-03-2018

Erdogan avertit les manifestants turcs: ''Notre patience a des limites''

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a lancé dimanche la contre-offensive face aux dizaines de milliers de manifestants qui réclament depuis dix jours.



Erdogan avertit les manifestants turcs: ''Notre patience a des limites''

Alors que les protestataires ont une nouvelle fois occupé la rue à Istanbul, Ankara ou Izmir, Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a renoué avec sa rhétorique offensive contre les « pillards» et les «extrémistes», et dénoncé un complot «organisé à l’intérieur et à l’extérieur» du pays.

Tout au long de la journée, il a multiplié les discours télévisés devant des foules de partisans réunis par son Parti de la justice et du développement (AKP) pour occuper l’espace médiatique, un enjeu vital dans l’affrontement qui l’oppose aux manifestants qui défient son autorité.

À son arrivée en fin de journée à Ankara, M. Erdogan a laissé paraître son impatience devant la persistance de la contestation. «Nous restons patients, nous sommes toujours patients, mais notre patience à des limites  », a-t-il menacé.

«Nous ne rendrons pas de comptes à des groupes marginaux mais devant la nation (…) la nation nous a amenés au pouvoir et c’est elle seule qui nous en sortira», a-t-il poursuivi devant la foule chauffée à blanc qui scandait « La Turquie est fière de toi».

Le Premier ministre a donné rendez-vous à ses adversaires aux élections municipales de mars 2014. «Soyez patients encore sept mois au lieu d’occuper (le parc) Gezi (à Istanbul) ou (le parc) Kugulu (à Ankara)», a lancé M. Erdogan. « Vous parlez de démocratie, de libertés et de droits, mais vous ne les obtiendrez pas par la violence mais par la loi».

Un peu plus tôt, il avait demandé à ses troupes réunies à Adana de donner à la jeunesse qui conteste son pouvoir à Istanbul, Ankara et dans plusieurs villes de Turquie «une première leçon par des voies démocratiques, dans les urnes».

Alors que le Premier ministre prononçait son énième discours de la journée à Ankara, la police est intervenue en soirée à quelques kilomètres de là pour disperser un rassemblement de plusieurs milliers de personnes à grand renfort de canons à eau et de gaz lacrymogènes. Plusieurs personnes ont été interpellées.

En même temps que les diatribes du Premier ministre, des dizaines de milliers de manifestants ont occupé tout l’après-midi la place Taksim d’Istanbul pour un concert-meeting où les harangues anti-Erdogan ont succédé aux chansons assourdissantes et aux slogans «gouvernement, démission!» repris par la foule.

Depuis le début du mouvement, les manifestants accusent le chef du gouvernement, leur principale cible, de dérive autoritaire et de vouloir islamiser le pays.



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