Publié le 06-03-2018

En vidéo : Faouzi Mahbouli raconte son combat contre les Trabelsi et le régime

Il s’appelle Faouzi Mahbouli. Il est le fondateur de Bricorama en Tunisie. Vitcime de la voracité des Trabelsi, il a accordé une interview à Tuniscope pour nous raconter son combat contre Imed Trabelsi et son clan.



En vidéo : Faouzi Mahbouli raconte son combat contre les Trabelsi et le régime

« Étant en contact avec Bricorama France il eut un accord de principe pour s’implanter en Tunisie. Après avoir élaboré le business plan, j’ai fait la connaissance d’Imed Trabelsi, neveu de Leila Ben Ali, lequel m’ai fait comprendre qu’avoir l’accord des autorités concernées était une affaire délicate » a avancé Faouzi Mahbouli.

Il a ajouté, qu’à l’époque, il avait compris que pour pouvoir mettre en œuvre son projet il fallait, nécessairement, passer par les Trabelsi.  « Il voulait une part du projet » a indiqué Faouzi Mahbouli avant d’ajouter que bien que son associé, Mehdi Ben Ayed, fût, totalement, opposé à l’idée, il a réussi à le convaincre.

« C’est ainsi que ça marchait avant le 14 janvier. Ils prenaient part à tous les grands projets même quand il s’agissait d’entreprises étrangères. Nous n’avions pas le choix. Nous nous sommes soumis à leurs conditions » a précisé Faouzi Mahbouli.

Le fondateur de Bricorama est, par ailleurs, revenu sur les soucis auxquels lui et son associé étaient confrontés dès la mise en place du projet. Il a indiqué que les Trabelsi ont, vite, voulu augmenter leur part du projet alors qu’il a été convenu de leur accorder, seulement, 30% des parts. Ils ont exigé, de surcroit, l’exclusion de Mehdi Ben Ayed.

Ces contraintes furent surmontables. Ce n’est qu’en 2007, que les Trabelsi sont passés « aux choses sérieuses ». Imed Trabelsi voulait obliger Faouzi Mahbouli à vendre ses parts. « J’ai compris que sa décision était déjà prise et que je n’avais pas le choix. Je suis rentré dans la tergiversation jusqu’à janvier 2008. Ils ont donc essayé de procéder autrement pour me faire fléchir. On m’a volé ma voiture à deux reprises. On m’a cambriolé» a-t-il expliqué.

Face à la menace, Faouzi Mahbouli a contacté Bricorama France qui l’a soutenu et a obligé Imed Trabelsi à reculer d’un pas. « C’est ainsi que j’ai réussi à sauver ma femme et mon enfant pour les rejoindre plus tard. Très vite, je suis devenu un opposant » a ajouté Faouzi Mahbouli.      

« Facebook était l’arme idéale. C’était le moyen via lequel j’ai pu dénoncer les Trabelsi. C’était le point de départ. Je passais 8 heures par jour à écrire mes articles afin de lever le voile sur les affaires de corruption, de torture, le système en entier » a-t-il déclaré.

Faouzi Mahbouli nous a, également, fait part de la tentative d’assassinat dont il a été victime après qu’il ait obtenu son statut de refugié politique. Selon le rapport de la police scientifique les auteurs de la tentative de meurtre étaient des professionnels. « J’ai eu de la chance. La balle est passé à 40cm de ma tête pour traverser la vitre arrière de ma voiture » a-t-il confié.

Cet incident ou tentative d’intimidation n’a pas réussi à faire fléchir Faouzi Mahbouli lequel à continuer à publier ses articles et à dénoncer ce système mafieux. Les Trablesi ont, ensuite, choisi de procéder autrement. « En octobre 2010, ils ont envoyé leur « homme de mission » que j’ai pu rencontrer à Cannes. Il m’a proposé de l’argent ; 850 mille euros » a indiqué Faouzi Mahbouli tout en certifiant que pressentant la chute du régime Ben Ali, il avait refusé la somme que les Trabelsi lui ont offerte.

Le combat a continué. Il a fallu, vers la fin, faire face à la pression exercée par les autorités françaises qui ont essayé d’extrader Faouzi Mahbouli. Une procédure à laquelle la juge, devant laquelle a comparu Faouzi Mahbouli en Aix-en-Provence, a pu mettre fin. « Elle a pris conscience de la magouille et en dépit des instructions qu’elle a reçues, elle s’est opposée à mon extradition et m’a rendu ma liberté » a-t-il affirmé.

Il convient de noter que Faouzi Mahbouli a, ensuite, porter plainte contre la ministre des Affaires Etrangères, Michèle Alliot-Marie, pour abus d'autorité et mise en danger. L’ancienne ministre avait, en effet, donné son accord pour l’extradition de Faouzi Mahbouli. 


N. J.
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