Publié le 06-03-2018

Le parquet fait appel après l'acquittement de Habib Kazdaghli

Le parquet tunisien a interjeté appel contre l'acquittement du doyen d'une faculté accusé d'agression sur deux étudiantes en niqab, qui ont été condamnées, elles, à la prison avec sursis, a indiqué jeudi à l'AFP un de ses avocats.



Le parquet fait appel après l'acquittement de Habib Kazdaghli

"Le parquet a interjeté appel mercredi contre l'acquittement, nous en avons eu la confirmation aujourd'hui", a déclaré Me Philippe Laurent, avocat belge membre du comité de défense du doyen Habib Kazdaghli.

"Cet appel contre l'acquittement du doyen et la condamnation des deux étudiantes est un appel politique, un signal adressé aux salafistes pour les rassurer", a estimé l'avocat, notant qu'il n'y a pas de délais pour un procès en appel.

"Le feuilleton continue et l'acquittement de M. kazdaghli ne peut donc être considéré comme définitif, alors qu'il n'y a rien dans le dossier qui puisse être retenu contre lui", a poursuivi l'avocat.

Le tribunal de première instance a prononcé le 2 mai un non-lieu pour l'universitaire et condamné les deux étudiantes à deux mois de prison avec sursis dans un procès ouvert en juillet 2012 et devenu un point de ralliement pour les laïcs et les islamistes, les uns militant pour l'interdiction du voile intégral en classe, et les autres revendiquant le respect des pratiques religieuses.

Le doyen de la faculté des lettres de la Manouba (ouest de Tunis) qui risquait jusqu'à cinq ans de prison pour "acte de violence commis par un fonctionnaire", avait fait état de son "soulagement" et de sa "fierté" de la jusctie qui a reconnu son innocence malgré "des pressions".

Les faits remontent au mois de mars 2012, lorsque deux étudiantes portant le voile intégral ont mis à sac son bureau. L'une d'elles, qui avait été exclue de la faculté pour avoir porté le niqab en salle de cours, accusait M. Kazdaghli de l'avoir giflée.

Considéré comme un bastion de la gauche, la faculté de la Manouba a été le théâtre de heurts en 2012 entre salafistes soutenant le port du niqab pour les jeunes filles et les partisans de son interdiction imposée par le règlement de l'université.

L'opposition laïque, des intellectuels et de défenseurs des droits de l'Homme accusent les islamistes d'orchestrer une islamisation rampante de la société.


AFP
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