Publié le 06-03-2018

Syrie: à la frontière turque fermée, l'insupportable attente des réfugiés

La nouvelle vague de l'exode s'est arrêtée à la frontière turque. Dans le froid pinçant et le dénuement, des dizaines de milliers de Syriens qui ont fui les combats autour d'Alep y attendent un feu vert pour enfin trouver refuge en Turquie.



Syrie: à la frontière turque fermée, l'insupportable attente des réfugiés

Seule une poignée d'entre eux a été autorisée à franchir le poste turc d'Oncupinar. Mohamad Rahma est de ces heureux. Aveugle depuis un bombardement qui a visé la ville d'Azaz, à quelques kilomètres de là, cet adolescent a pu passer pour se faire soigner. Son père qui l'accompagne raconte le chaos qui règne côté syrien.

"Nous avons faim et froid. Les gens dorment dans la rue", dit Ahmad. "Nous vivons dehors parce que nous n'avons aucun endroit où nous pouvons nous installer".

Environ 30.000 réfugiés, pour l'essentiel des femmes et des enfants chargés de baluchons où ils ont entassé à la hâte quelques rares effets personnels, se pressent désormais dans la localité frontalière syrienne de Bab al-Salama.

Dans l'urgence, des ONG ont tenté d'organiser leur arrivée dans les quelques camps déjà installés dans la région d'Azaz, rapidement submergés.
"Ces civils ont peur d'être massacrés", explique Kerem Kinik, le vice-président du Croissant-rouge turc en évoquant les frappes aériennes massives de l'aviation russe et les attaques des troupes du régime du président syrien Bachar al-Assad.

"La peur se propage très vite dans la population", ajoute-t-il.

"Nous sommes confrontés à la situation la plus terrible de cette tragédie syrienne", renchérit Mohamed Wajih Juma. En charge des questions de santé au sein de l'opposition syrienne en exil, il a quitté son quartier général de la ville turque de Gaziantep, plus au nord, pour prendre le pouls de la situation.

"Nous parlons ici de dizaines de milliers de personnes qui quittent leur pays. Même dans les pires moments de ces cinq dernières années, ces gens ont réussi à rester chez eux (à Alep)", poursuit-il, "mais les bombardements russes ont brisé leur détermination".


AFP

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