Publié le 06-03-2018

Irak: des hommes armés enlèvent 18 Turcs à Bagdad

Dix-huit employés d’une entreprise de travaux publics turque ont été enlevés par des hommes armés et masqués sur un chantier de Bagdad, un enlèvement qui pourrait être crapuleux ou politique.
 



Irak: des hommes armés enlèvent 18 Turcs à Bagdad

Plusieurs dizaines de ressortissants turcs ont été kidnappés puis libérés en Irak par le groupe extrémiste Etat islamique (EI) au cours des derniers 18 mois.

Mais ce dernier enlèvement est survenu dans un fief des forces paramilitaires chiites qui soutiennent les forces gouvernementales dans leur combat contre les jihadistes sunnites de l’EI.

Les 18 Turcs travaillaient sur le chantier d’un stade de football dans le quartier de Sadr City, dans le nord de la capitale lorsqu’ils ont été enlevés dans la matinée par des inconnus circulant à bord de pick-up.

«Nous avons été informés que les travailleurs turcs avaient été séparés de ceux d’autres nationalités au moment de l’enlèvement et qu’ils avaient été spécifiquement visés», a précisé un porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Tanju Bilgiç, cité par l’agence de presse progouvernementale Anatolie.

Le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus a indiqué que des discussions étaient en cours avec les autorités irakiennes pour obtenir leur libération. «Nous sommes en étroite coopération avec les autorités à ce sujet», a-t-il précisé, en exprimant l’espoir de voir cette affaire se terminer «d’une manière positive».

Interrogé par l’AFP, le groupe Nurol, qui emploie les personnes enlevées, a affirmé n’avoir été informé d’aucune demande de rançon de la part des ravisseurs. Les enlèvements pour raisons crapuleuses sont monnaie courante à Bagdad.

Nurol, qui opère principalement dans la construction et les travaux publics, a précisé que 14 ouvriers, 3 ingénieurs et un comptable figuraient parmi les personnes enlevées.

L’entreprise a remporté un contrat de «conception-construction» du stade de Sadr City, d’une capacité de 30.000 places, complété par des terrains d’entraînement et un hôtel.

- Pas une première -

Ce n’est pas la première fois que des Turcs sont kidnappés en Irak.

En juin 2014, les membres du personnel du consulat turc de Mossoul (nord de l’Irak), parmi lequel 46 ressortissants turcs, avaient été pris en otage pendant plusieurs mois par l’EI au début de l’offensive fulgurante des jihadistes en Irak, avant d’être libérés. Plus de 30 chauffeurs de camion turcs avaient également été enlevés.

La Turquie a longtemps été taxée d’immobilisme face au mouvement extrémiste, mais elle a frappé pour la première fois fin juillet des cibles de l’EI en Syrie et s’est engagée dans la coalition internationale antijihadiste menée par les Etats-Unis.

Ainsi, le ministère turc des Affaires étrangères a annoncé qu’un premier raid anti-EI avait été mené vendredi dernier par l’aviation turque avec la coalition menée par les Etats-Unis.

Les relations entre Bagdad et Ankara ont été longtemps difficiles, en raison notamment de divergences sur les relations avec la région autonome du Kurdistan irakien, la Turquie achetant du pétrole directement au Kurdistan sans passer par le gouvernement central d’Irak.

Mais les liens se sont quelque peu resserrés depuis l’arrivée au pouvoir l’an dernier du Premier ministre Haider al-Abadi en Irak succédant à Nouri al-Maliki, qui avait eu plusieurs accrocs avec Ankara.


AFP

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