Publié le 06-03-2018

Michael Béchir Ayari : L’appareil sécuritaire tunisien doit être réformé

L’attentat de Sousse a suscité la réaction de plusieurs sensibilités de Tunisie et d’ailleurs. Michael Béchir Ayari, expert de l'International Crisis Group pour la Tunisie, revient sur l'impact de ce drame sur la jeune démocratie tunisienne, met l’accent sur les failles et propose des solutions, dans une interview à l’EXPRESS.



Michael Béchir Ayari : L’appareil sécuritaire tunisien doit être réformé

Pour Béchir Ayari, l'attentat de Sousse, a changé la donne : Les réactions sont beaucoup plus virulentes qu'après l'attaque du Bardo. Des membres de Nidaa Tounès ont même accusé la mobilisation ‘’Winou El Pétrole’’, d'avoir affaibli le gouvernement.

Evoquant les mesures décidées dans l’urgence après l'attentat l’expert affirme qu’elles risquent d’être contreproductives, notamment celles relatives à la fermeture de plusieurs mosquées, l'interdiction du mouvement salafiste ‘Hizb Ut-Tahrir’ et  le contrôle d'organisations caritatives islamiques.

Selon lui, reprendre le contrôle d'un certain nombre de lieux de culte illégaux aux mains des radicaux, ne peut se faire sans accompagnement et pédagogie au sein des quartiers populaires. Il explique : Même, ‘Hizb Ut-Tahrir’ qui est très radical, refuse la violence, il pourrait être contrôlé et pourrait contribuer à canaliser la frange de la jeunesse tentée par le djihadisme, plutôt que dissout. 

Avant de passer au volet propositions, Michael Béchir Ayari esquisse un tableau peu reluisant des services de sécurité tunisiens : Il n'y a tout simplement pas de politique publique sécuritaire ; les services de sécurité sont désorganisés, dénués de stratégie.

Pour lui, une véritable police efficace et professionnelle, consciente de ses intérêts de corps et dont la mission serait discutée sur le plan démocratique, reste à créer.

L'appareil sécuritaire doit être réformé, avec un réel travail d'amélioration de la gestion des ressources humaines, de la formation initiale et continue. Il faut aussi œuvrer à la prévention, se consacrer aux populations à risque, mettre en place une campagne de lutte contre le suicide et la violence, dynamiser la vie communautaire dans les quartiers populaires par exemple.

Collaborer avec les mosquées des quartiers sensibles et  tirer profit des capacités d'encadrement des confréries soufis et du mouvement Ennahda, fait aussi partie des propositions avancées par l’expert, « pour qu'un autre langage que celui du bâton soit diffusé auprès de la jeunesse. Faire rêver plutôt que de se contenter de réprimer », explique-t-il.



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