Publié le 06-03-2018

Pétition contre la violence sociale et politique et solidarité avec les personnes homosexuelles en Tunisie

Il s’agit d’un manifeste de soutien, créé par des Tunisiennes et des Tunisiens suite à la polémique qui a entouré l’association Shams.



Pétition contre la violence sociale et politique et solidarité avec les personnes homosexuelles en Tunisie

"Les dernières semaines se sont accompagnées d'une vague de déclarations homophobes de divers hommes politiques et hommes de religion, incitant à la haine et à la violence contre les militant-e-s pour les droits des minorités sexuelles. L'association Shams qui vient à peine d'obtenir son visa, est menacée de dissolution et ce en violation de la Constitution comme de la loi sur les associations. Au-delà des militant-e-s LGBT, ce sont les minorités sexuelles dans leur ensemble qui sont visées par cette campagne indigne d'un Etat de droit. Contre cette situation sociale et politique inacceptable, des militant-e-s des droits humains, des féministes et des intellectuel-le-s lancent cet appel au gouvernement et aux député-e-s" nous disent les auteurs de la pétition dont voici le texte de la pétition

Nous, Tunisiennes et Tunisiens, au nom des valeurs révolutionnaires et de la nouvelle Constitution,

Nous dénonçons la campagne haineuse et les appels au meurtre contre les militants et militantes engagés pour la défense des droits des personnes homosexuelles. Indignés des appels à la haine et aux assassinats, nous affirmons notre entière solidarité.

Nous rappelons que la Révolution a été porteuse des revendications de dignité, d’égalité et de liberté pour lesquelles des générations entières se sont battues, pour lesquelles des femmes et des hommes ont payé de leurs vies, et ont résisté aux pires intimidations. Parce que la dignité n’est pas divisible, nous considérons qu’il n’y a pas de cause pour le respect de droits fondamentaux qui soit plus légitime qu’une autre, ou plus appropriée au moment. La liberté de disposer de son corps, le respect de l’intégrité physique et morale des individus font partie intégrante de ces droits. Toute violation de ces droits est une violation des valeurs de la Révolution.
Toute violation de ces droits est aussi une violation des droits garantis par la nouvelle Constitution. Car les libertés individuelles, le droit à la vie privée et le principe de non-discrimination sont des droits constitutionnels qui doivent être appliqués sans aucune exception. La liberté d’association n’est pas non plus négociable. Nous exigeons le respect absolu de ce droit qui constitue, à ce jour, l’un des rares acquis de la Révolution.

Solidaires de nos concitoyens et concitoyennes qui militent pour une cause juste, nous appelons nos représentants, membres de la nouvelle assemblée du peuple et du gouvernement à :

- Protéger les personnes menacées par la campagne de haine et les appels aux meurtres

- Réformer le code pénal en vue de sa conformité avec la Constitution. L’article 230 du code pénal, qui pénalise les pratiques homosexuelles, est contraire au principe de non-discrimination et à la protection de la vie privée garantis par la Constitution.

- Appliquer le droit d’association.

Liste des premiers signataires :
 

Chokri Latif, écrivain ; Ahlem Belhaj, militante féministe ; Gilbert Naccache ; Halima Jouini, féministe et militante des droits humains ; Zeyneb Farhat ; Sophie Bessis, historienne ; Karim Ben Smaïn, éditeur ; Farhat Othman, chercheur ; Jocelyne Dakhlia, chercheure ; Insaf Machta, universitaire ; Leyla Chedly Hazem, syndicaliste et militante des droits humains ; Cherif Ferjani, universitaire ; Sadok Ben Mhenni, militant des droits humains ; Mohieddine Cherbib, militant des droits humains ; Nihel Ben Amar, universitaire ; Nozha Sekik, militante associative ; Souhayr Belhassen, présidente d'honneur de la FIDH


H.B.
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