Lettre de démission de 17 membres du Bureau poltique d'Ettakatol

Publié le 06-03-2018

Lettre de démission de 17 membres du Bureau poltique d'Ettakatol

Un communiqué de presse a été publié par le SG adjoint d'Ettakatol et 16 autres membres du Bureau Politique et du Conseil National du parti.

Ci-joint la lettre de démission :

Comme tous les Tunisiens, nous avons vécu une période exceptionnelle depuis la révolution. A travers l’engagement citoyen pour le plus grand nombre et l’engagement politique pour certains, nous avons participé chacun avec ses moyens, ses rêves et ses ambitions, au grand chantier de la démocratie et des libertés.

Nous avons vécu cette période au sein d’un parti Ettakatol qui, à l’instar d’autres partis tunisiens a joué un rôle indéniable durant cette période. Un rôle souvent décrié, parfois reconnu et en tous les cas largement mal compris. Il reviendra sans doute à l’histoire d’apprécier le rôle d’Ettakatol à sa juste valeur, en faisant le tri entre les actions salvatrices et les positionnements moins inspirés.

Au sein du parti, nous avons assumé des responsabilités à des niveaux différents, enrichis par notre diversité sociale et régionale et animés par la volonté commune de faire bouger les choses, de créer une dynamique politique interne au parti à même de répondre aux bouleversements que connaît le pays. Mais, comme d’autres partis anciens qui ont eu le mérite de s’opposer à la politique de Ben Ali, Ettakatol n’a pas su se remettre en cause pour être en ligne avec la nouvelle Tunisie et a été incapable de modifier ses méthodes de fonctionnement. Souvent aveugle aux changements survenus, sourd aux conseils et sonnettes d’alarme, et muet devant certains agissements qui méritaient plus de vigueur, Ettakatol s’est recroquevillé sur des postures d’une autre période cherchant à l’extérieur de ses murs les seuls responsables de ses échecs.

La plupart d’entre nous, n’avons pas pensé quitter le parti quand il n’a pas été très inspiré sur certaines actions, ni quand notre famille politique centriste et progressiste s’est acharnée contre nous, et encore moins quand on était au plus bas dans les sondages. On n’a même pas voulu le quitter quand l’immobilisme interne aussi incompréhensible que suicidaire fut poursuivi alors que les dates des élections se rapprochaient et que les résultats s’annonçaient désastreux. Ni quand l’ingratitude fut la seule réponse à certains de nos sacrifices. On ne l’a pas quitté non plus après les lourdes défaites électorales par solidarité collective, espérant enfin un sursaut salvateur et des réformes profondes. Toute cette posture de résilience sur de longues années a découlé de l’idée que nous nous faisons de la loyauté politique et du partage des temps difficiles et des valeurs communes, principes de base de l’action politique.
Mais aujourd’hui, force est de constater l’incapacité flagrante de la direction à entreprendre ses reformes structurelles, à faire confiance dans ses troupes des régions intérieures et dans sa jeunesse, allant jusqu'à éviter tout risque de remettre ses mandats aux militants, ce qui aurait eu pour avantage d’envoyer un signe fort de volonté de changement. Sept membres du Bureau Politique ont remis leurs démissions dés les résultats connus car tel est le sens que nous donnons au principe de responsabilité politique.

Ainsi, nous soussignés, membres du Bureau Politique et du Conseil National d’Ettakatol, tous attachés aux valeurs de la République et à sa constitution, avons pris la décision de quitter le parti en raison de son incapacité à se remettre en question et à se reformer. Nous le quittons avec tristesse, certes, face à tout ce gâchis mais sans volonté de nuire. Avec juste toutefois le regret de quitter des militants généreux et braves avec qui nous continuons de partager des valeurs et des principes et à qui nous exprimons toute notre estime. Nous prenons aussi acte de l’ampleur des enjeux que le pays affronte et du fossé dangereux qui continue de se creuser entre les citoyens et la classe politique. Nous considérons qu’une nouvelle séquence de l’Histoire de notre pays doit être amorcée afin d’assurer l’avènement d’un véritable changement tant dans la façon de se comporter en politique, de traiter les problèmes que dans les solutions préconisées. Notre démarche se tourne ainsi vers le futur et s’inscrit dans une réflexion collective que nous voulons à la fois profonde et originale sur la refondation de la politique.

La Tunisie regorge de femmes et d’hommes politiques, d’experts, de dirigeants de la société civile, de responsables syndicaux, d’entrepreneurs, de professionnels de divers secteurs prêts à se réunir pour réfléchir à une Autre Politique. Nous sommes persuadés pour notre part que seule la construction et l’adoption d’une Autre politique avec le concours du plus grand nombre est la seule garantie de remettre aux prochaines générations un pays plus fort et plus juste que quand nous l’avons trouvé.

Signataires

1.Khayem TURKI : Secrétaire général adjoint, membre BEX et CN-Tunis

2.Ridha ENNAJI : Directeur de campagne, membre BP et CN-Tunis

3.Habib HAMDI: Membre BP et CN-Ben Arous

4.Jameleddine AMRI: Membre BP et CN-Sousse

5.Slah MCHAREK: Membre BP et CN-Mednine

6.Selma ZNAIDI: Membre BP et CN-Nabeul

7.Hamdi BERRBIHA: Membre BP et CN-Siliana

8.Samira MANSOUR: Membre BP et CN -Tozeur

9.Elyes GHANMI: Membre CN-Europe

10. Moncef BEN MOUSSA: Membre CN-Tataouine

11. Med Hatem ABDEJLIL: Membre CN-Sousse