Publié le 06-03-2018

Le sénateur belge Alain Destexhe : Beji Caïd Essebsi ne va pas commencer une carrière de dictateur à 88 ans

Alain Destexhe, sénateur belge et ex-Secrétaire Général de Médecins Sans Frontières et ex Président de l'International Crisis Group est revenu, dans un article publié sur le journal Le Figaro, sur l’élection présidentielle en Tunisie.



Le sénateur belge Alain Destexhe : Beji Caïd Essebsi ne va pas commencer une carrière de dictateur à 88 ans

« A ceux qui s'inquièteraient des tendances autoritaires de Beji Caïd Essebsi, on répondra, en paraphrasant le général De Gaulle, qu'il ne va pas commencer une carrière de dictateur à 88 ans » a souligné Alain Destexhe.

Il a ajouté : «le «vieux renard» a fait preuve d'une extraordinaire habileté. En réussissant, d'abord, malgré mais aussi grâce à son passé de Bourguibien, à rassembler autour de lui une large coalition hétéroclite opposée à Ennahdha. Ensuite, en prenant de court les islamistes sur leur propre terrain: il ne cesse de réciter des versets du Coran démontrant par là qu'il est aussi bon musulman que ses adversaires » 

« En témoigne le combat de l'Université de la Manouba. Le corps académique a réussi à résister aux tentatives d'islamisation de cet établissement réputé qui se traduisaient notamment par une volonté de séparer les garçons et les filles lors des cours, d'autoriser les jeunes filles à porter le niqab, de refuser les professeurs masculins pour les jeunes filles et de bannir l'enseignement de Michel-Ange, Voltaire, Flaubert et bien d'autres. C'est ce type de dérives qu'un gouvernement sans les islamistes doit parvenir à empêcher ».

Selon Alain Destexhe, « Malgré la défaite de son parti (le CPR n'a obtenu que 4 sièges), grâce au soutien des islamistes, le président Marzouki, est arrivé second au premier tour de l'élection présidentielle. Il dénonce maintenant l'autoritarisme de Essebsi et l'infiltration de Nidaa Tounes par d'anciens proches de Ben Ali. Dans un pays qui, de 1956 à 1991, n'a connu que deux présidents sous un régime de parti unique, il est inévitable que des partisans de l'ancien régime soient amenés à jouer un rôle, ne fût-ce que par leurs compétences administratives ou économiques. La société tunisienne doit elle-même décider où tracer la ligne rouge. En Irak, la mise à l'écart de la fonction publique de tous les affiliés du parti Bass a été une des causes du chaos dont l'Irak ne s'est jamais remise »
 



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