Publié le 06-03-2018

Amira Yahyaoui reçoit le prix de la Fondation Jacques-Chirac

Connue pour son activisme, la jeune Tunisienne reçoit vendredi 21 novembre le prix pour la prévention des conflits de la fondation Jacques-Chirac en présence de François Hollande.



Amira Yahyaoui reçoit le prix de la Fondation Jacques-Chirac

Son ONG Al Bawsala (« La boussole ») a assuré une veille quotidienne auprès des députés tunisiens et œuvré pour la réussite de la transition démocratique.

Combien de fois Amira Yahyaoui a-t-elle lu le Discours de la servitude volontaire de La Boétie ? La jeune Tunisienne aujourd’hui trentenaire est dès l’adolescence hantée par cette interrogation : « Comment tant de personnes peuvent-elles supporter d’être sous le joug d’un seul homme ? »

D’autant plus que, dans la Tunisie de Ben Ali, la petite berbère a grandi dans une famille insoumise. Son père, le juge Mokhtar Yahyaoui, paya cher son audace d’avoir tenu tête au président  : sa lettre pour dénoncer le manque d’indépendance de la justice lui valut d’être mis au ban de la magistrature. « Tous ceux qui portaient le nom de Yahyaoui en ont souffert », se souvient sa fille.

Son cousin, le cyberdissident Zouhair Yahyaoui, est torturé dans les geôles tunisiennes. Très affaibli, il décède à 37 ans d’une crise cardiaque, le 13 mars 2005. Après le soulèvement de 2011, le jour anniversaire de sa mort a été déclaré Journée nationale de la liberté d’Internet. Sur la célèbre avenue Bourguiba de Tunis, la jeune femme aussi a subi les coups des matraques cette même année 2005.

Ce combat pour la liberté et la démocratie, Amira Yahyaoui l’a donc très tôt fait sien. Ce qui lui vaut ce 21 novembre d’être la lauréate du prix pour la Prévention des conflits de la fondation Jacques-Chirac grâce au travail exemplaire de son ONG Al Bawsala (« la boussole »). Après cinq années d’exil forcé (privée de passeport) et d’études de mathématiques à Paris, elle regagne la Tunisie d’après Ben Ali. Non sans avoir soutenu la rébellion et dénoncé les exactions depuis le sol français.

Grâce à sa notoriété, elle reçoit un premier soutien de 120 000 € des fondations « Open Society » du milliardaire américain George Soros pour la promotion de la gouvernance démocratique. La Banque mondiale, l’ambassade du Canada, le ministère allemand des affaires étrangères viennent aussi lui prêter main-forte. Les grandes ONG internationales se l’arrachent.

Mais Amira Yahyaoui veut une association 100 % tunisienne constituée exclusivement de jeunes de moins de 30 ans « pour avoir une association jeune, qui crée de l’emploi ».


la-croix.com

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