Publié le 06-03-2018

Burkina faso : Blaise Compaoré quitte le pouvoir et s'enfuit ‘vers le sud’ du pays

Le président burkinabé Blaise Compaoré a annoncé, vendredi 31 octobre, qu'il quittait le pouvoir tout en réclamant des élections "libres et transparentes" sous 90 jours. Selon le Quai d'Orsay, Blaise Compaoré a quitté Ouagadougou "vers le sud" du pays.



Burkina faso : Blaise Compaoré quitte le pouvoir et s'enfuit ‘vers le sud’ du pays

Il est parti vers le sud. Il est toujours dans le pays. Il va vers Pô", ville proche de la frontière avec le Ghana, a-t-on indiqué à Paris, sans pouvoir dire si l'objectif de l'ex-président est ensuite d'aller dans un autre pays, le Ghana ou la Côte d'Ivoire par exemple.
L'homme, qui a passé 27 ans à la tête du pays, avait pris le pouvoir par un putsch en 1987. Blaise Compaoré déclare dans un communiqué, lu par une journaliste à l'antenne de la télévision BF1 :

Dans le souci de préserver les acquis démocratiques, ainsi que la paix sociale (...), je déclare la vacance du pouvoir en vue de permettre la mise en place d'une transition devant aboutir à des élections libres et transparentes dans un délai maximal de 90 jours."
Son départ était fortement réclamé par l'opposition qui avait appelé vendredi le peuple à "maintenir la pression" contre le chef de l'Etat, qui promettait une transition au pays mais refusait de lâcher les rênes du pays.

Le chef d'état-major prend le pouvoir

Le chef d'état-major des armées Nabéré Honoré Traoré a annoncé dans un communiqué qu'il allait désormais "assumer" la fonction de "chef de l'Etat".
"Conformément aux dispositions constitutionnelles, constatant la vacance du pouvoir ainsi créée, considérant l'urgence de sauvegarder la vie de la nation (...), j'assumerai à compter de ce jour mes responsabilités de chef de l'Etat", a déclaré le général de division Traoré.

"Blaise dégage !"

Au lendemain de violentes émeutes contre le régime et de l'annonce par les militaires qu'ils prenaient le contrôle du pays, des dizaines de milliers de manifestants se pressaient vendredi dans la rue à Ouagadougou. Massés sur la place de la Nation, devant l'état-major des armées, aux cris de "Blaise dégage !".
La prise de pouvoir de l'armée est pour l'instant assez mal acceptée par les manifestants, qui dénoncent la personnalité du chef d'état-major, qualifié de "pion du pouvoir" par Mohamed Rabo, un étudiant de 26 ans, qui "réclame" Kouamé Lougué, un général en retraite au fort capital de sympathie. "Nous voulons Lougué", a renchéri une femme, qui a souhaité garder l'anonymat.

Ce même Kouamé Lougué, ancien chef d'état-major et ministre de la Défense jusqu'à son limogeage en 2004, à qui des dizaines de milliers de manifestants ont demandé de prendre le pouvoir dans un rassemblement jeudi après-midi.
L'ancien militaire, qui a rencontré les plus hauts gradés du pays, s'est aussi entretenu avec une autorité coutumière très respectée dans le pays, le Mogho Naba, le "roi" des Mossi, l'ethnie la plus nombreuse au Burkina.
Blaise Compaoré, lui-même Mossi, a participé à trois putschs, dont le dernier lui a permis d'arriver au pouvoir. Malgré deux septennats (1992-2005) puis deux quinquennats (2005-2015) et 27 ans de règne, il souhaitait se maintenir aux affaires après 2015, ce que ne lui permettait pas la Constitution.

Une trentaine de morts ?

Le bilan des troubles reste pour le moment incertain. Deux opposants ont fait état d'une trentaine de morts et plus de 100 blessés. L'AFP n'a pu confirmer que quatre morts et six blessés graves dans la capitale.
 


L'Obs
compaore-311014-1.jpg

Dans la même catégorie