Publié le 06-03-2018

Hiroshima mon amour

Alain Resnais, grand réalisateur français né en 1922 et auteur, depuis 1936, d’une panoplie de films entre longs et courts qui font sa réputation, s’invite en février et mars 2010 sur l’écran du CinémAfricart pour huit séances de cinéclubs dédiés à des œuvres majeures de son cinéma.



Hiroshima mon amour

Alain Resnais, grand réalisateur français né en 1922 et auteur, depuis 1936, d’une panoplie de films entre longs et courts qui font sa réputation, s’invite en février et mars 2010 sur l’écran du CinémAfricart pour huit séances de cinéclubs dédiés à des œuvres majeures de son cinéma.

 

Le premier épisode de ce cycle, celui du mercredi 3 février 2010, a été consacré au fameux Hiroshima mon amour. Ce film qui se place au beau milieu du parcours d’Alain Resnais est aussi central par son ordre chronologique que par sa valeur artistique. Il révèle tout le talent et la sensibilité de l’homme et du réalisateur.

 

Hiroshima mon amour : d’emblée un titre qui dérange par l’évocation de la ville japonaise irradiée en 1945 par la première bombe atomique de l’histoire de l’humanité, qui fait rêver par la mention du plus beau des sentiments humains et qui interpelle quant à l’idée d’agencer les deux expressions dans la même phrase.

 

En voilà un titre qui fait le malicieux tour de l’œuvre. Cette poésie aussi douce qu’amère qui le traverse s’étend également sur tout le film qualifié de « poème d’amour et de mort ». L’amour à Hiroshima est le leitmotiv, le prétexte et la raison de 90 minutes racontant deux jours de la vie « d’une actrice (Emmanuelle Riva) qui se rend à Hiroshima pour tourner un film sur la paix. Elle y rencontre un Japonais (Eiji Okada)... ».

 

Il est question de la vie passée et présente d’Elle mais surtout du passé simple et du présent composé d’Hiroshima après la bombe atomique, une ville qu’elle découvre et adore à travers le personnage de Lui. Car Lui « devient son amant, mais aussi son confident, à qui elle raconte ses souvenirs d'un amour impossible avec un soldat allemand pendant la Seconde Guerre mondiale » dans son adolescence à Nevers.

 

D’ailleurs, les images choquantes des victimes, les séquences des manifestants contre la guerre et la bombe sont accompagnées de la voix-off de l’actrice gorgée de poésie, et entrecoupées par ses scènes d’amour avec Lui pour ainsi faire en sorte que le travail de mémoire évite de se noyer dans un discours direct et aplati. Renais l’inscrit dans une démarche plus compliquée, tout simplement plus cinématographique.

 

Un amour impossible peut en cacher un autre. Qui donc mieux qu’Elle pouvait comprendre le vécu de Lui/Hiroshima, comprendre l’ironie de la chance qui épargne les hommes armés et fait des civils de la ville les victimes du pouvoir de l’atome et comprendre l’absurdité de la guerre qui départage les ennemis de leurs ennemis. Elle comprend tout, Lui n’est plus étonné qu’Elle comprend tout et c’est justement pour ça que leur amour est impossible à Hiroshima. Les blessures sont aussi cutanée que profondes à Hiroshima comme à Nevers.   

 

Le squelette du film, construit par les soins du scénario et des dialogues de Marguerite Duras, est habillé par une chair aussi traditionnellement japonaise que modernement française. C’est là le géni artistique qui dépasse l’inspiration pour exceller à la création. On serait même tenté de penser à la rencontre d’Elle et Lui d’Hiroshima mon amour  en considérant la collaboration de Marguerite Duras et d’Alain Resnais dans le film. À la différence que cette dernière abouti, pour donner les traits de la première.

 

 

Narjes


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