Publié le 06-03-2018

Que cache le vote sur les minarets ?

Ils ne sont que quatre, et pourtant ! Ces quatre minarets ont défrayé la chronique en Suisse. Ils ont soulevé non pas un débat mais des débats. Une polémique qui s’est vite installée au beau milieu de l’hexagone créant un nouveau malaise et alimentant un autre débat, celui de l’identité nationale.



Que cache le vote sur les minarets ?

Ils ne sont que quatre, et pourtant ! Ces quatre minarets ont défrayé la chronique en Suisse. Ils ont soulevé non pas un débat mais des débats. Une polémique qui s’est vite installée au beau milieu de l’hexagone créant un nouveau malaise et alimentant un autre débat, celui de l’identité nationale.

Après le résultat du référendum, un débat a eu lieu entre Sami Adeeb, professeur universitaire palestinien spécialiste du droit musulman, et Tariq Ramadan, le très controversé intellectuel suisse. Le premier, aussi étrange que cela puisse paraître,  se félicite du vote : « c'est une victoire pour la paix confessionnelle dans ce pays ». Le second lui répond que son problème s’avère être : «  une confusion de tous les ordres et une importation de problèmes », et que son raisonnement  dépasse «  le droit des sociétés laïques où l'état n'a pas à entrer dans les pratiques personnelles ».  Conclusion, le vote sur les minarets est une vraie boite de pandore.

Le vote suisse rebondit dans l’hexagone, et l’histoire des minarets suscite  un véritable malaise au beau milieu d’un autre débat non moins curieux, l’identité nationale. Entre politiques et religieux,  le vote du pays voisin sème le trouble et l’embarras. Mais bon, la France est une autre histoire, on y reviendra une autre fois…

Revenons à nos moutons et essayons de comprendre : que traduit le vote pour l’interdiction des minarets si ce n’est un peur grandissante de l’islam. Un vote qui surgit, paradoxalement, dans un pays où la communauté musulmane est très minoritaire et discrète de surcroît.

Le paradoxe est d’autant plus grand quand on se rend compte que, dorénavant, la République helvétique garantira d’une part  la liberté religieuse, et aura d’autre part, un nouvel article dans sa constitution, qui précisera l’interdiction de la construction des minarets.

Des questions qui me taraudent l’esprit, et je ne suis certainement pas la seule : En quoi le minaret dérange-t-il ? En quoi diffère-t-il des cloches d’une église ? En quoi peut-il être dangereux ? Interdire les minarets, n’est-ce pas interdire la liberté ? N’est-ce pas ouvrir la porte au racisme ? Ouvrir la porte aux amalgames ? Si ces questions paraissent aussi simplistes que naïves, leurs réponses demeurent encore incompréhensibles, et pour cause, on ne peut pas justifier une violation de la liberté dans un pays qui se veut démocratique, et garant des droits de l’homme.

Maintenant, concrètement, que va-t-il résulter de ce vote ? Un nouvel article, mais pas seulement. Ce vote apporter de l’eau au moulin en renforçant les extrémistes et les intégristes dans leur position. Soyons honnêtes, non pas avec les autres, mais avec nous-mêmes. Ce vote révèle un profond problème avec  l’islam, ou du moins, son image.

L’islam, vu comme une idéologie totalitaire menaçant la démocratie occidentale. Une vision qui traduit l’ignorance et le dogmatisme de tous ceux qui à défaut  de respecter la religion, la condamne. Et la laïcité dans tout cela ? Et les discours, tous ces beaux discours qu’on entend sur la liberté du culte, liberté d’expression, l’égalité, la tolérance... ces beaux discours, qui nous donnent l’impression, nous musulmans, d’être endoctrinés, où sont-ils partis ? Pourquoi ne se traduisent-ils pas en actes ?

Elle est bien jolie cette fausse laïcité quand elle est démasquée. Démasquée par un vote, un vote populaire qui en dit long….

 

Sarah B.H

 

Articles liés:

Suisse: Non aux minarets!

Tous les articles de Controverse


contoverse-8.jpg

Dans la même catégorie