Publié le 06-03-2018

Le Football n'est pas le problème

Karl Marx  a dit : La religion est l’Opium du peuple. Il avait tout à fait raison. Mais au vu de ce qui vient de se passer avec le match Egypte-Algérie, le Football se pose en sérieux concurrent.



Le Football n'est pas le problème

Karl Marx  a dit : La religion est l’Opium du peuple. Il avait tout à fait raison. Mais au vu de ce qui vient de se passer avec le match Egypte-Algérie, le Football se pose en sérieux concurrent.

Le football est-il dangereux pour la société ?

C’est la question que je me pose quand je vois des égyptiens déchaînés, qui ne se suffisent pas à des propos haineux à travers les différents médias, mais attaquent le bus des joueurs algériens par des pierres, blessant trois joueurs au passage dont deux à la tête,  et ont de surcroît le culot de dire que les algériens ont tout mis en scène. Quelle déontologie journalistique ! Aux dernières nouvelles, des supporters algériens ont trouvé la mort après le match. Info ou intox, rien n’est encore confirmé. Une chose est sûre, la situation est absolument déplorable.

Est-ce que le Football est responsable de cette situation indécente ?

Pas aussi sûr, car il s’agit simplement d’un sport. Un sport intrinsèquement neutre et politiquement correct, qui représente dans certains cas l’harmonie sociale, l’amitié, voir la réconciliation. Souvenez-vous du match Iran-Etats-Unis lors du mondial français en juin 1998. Le match était décisif, car le perdant sera éliminé .Tout le monde attendait ce match, et Dieu sait combien il  y’avait de tensions entre les deux pays. Mais c’était un match de foot et non pas une guerre. Pas de violence enregistrée entre les supporters des deux nations, ni  avant ni après le match. (Pour l’anecdote, l’Iran a gagné 2-1). Egypte-Algérie, un match qualificatif pour la Coupe du Monde, entre deux pays, qui à ma connaissance, n’ont pas conflits à résoudre. Regardons où nous en sommes aujourd’hui ! Les faits parlent d’eux-mêmes.

Comment un sport aussi populaire peut devenir un terrain favorable à tous les excès ?  

Et bien, c’est simple. Le football anime la société et fait oublier aux peuples leurs préoccupations : misère, chômage, ennuis. Un phénomène qui n’est pas l’exclusivité des pays en voie de développement, mais qui est  également valable pour l’Europe, où l’on voit les fascistes italiens aller cracher leur xénophobie dans les stades, où l’on assiste à des interpellations et des gardes-à-vue chaque week-end, pour des jeunes issus des banlieues françaises venus crier leurs malaises dans les terrains. Une frustration qui se dégage au moment des matchs, ce n’est pas le football qui en est le responsable, c’est juste un miroir de la société.

Une passion démesurée

Le football représente aujourd’hui un phénomène avec une grande place dans la société, démesurée même. Je peux comprendre une passion, mais j’ai toujours été étonnée face à une passion effrénée, avant de comprendre qu’il  suffit d’être un peu plus débile que la moyenne pour avoir cette hystérie du ballon rond. Après, j’ai fini par comprendre que le malaise de la société se traduit avec cette passion dérivative.

Une semaine avant le match, tout le monde en parle, tout le monde stresse, comme si toute la vie du supporter dépend de ce match. Après le match, c’est une semaine de débats, très constructifs, autour d’une question existentielle : Pourquoi le changement du joueur X a eu lieu à la 44ème et non à la 45ème minute ? En effet… c’est une question ontologique qui mérite trois émissions télévisées avec entre autre des hommes de droits et des journalistes,  10 émissions radiophoniques à longueur de journée, et 100 pages dans la presse écrite…

Est-ce qu’on serait mieux sans le foot ?

Peu à peu, le foot a déserté les pages sportives pour s’installer très confortablement dans la page des faits divers.  Violence, racisme,  et abrutissement des foules. Ce qu’on vient de voir avec le match Egypte-Algérie en est un parfait exemple. Les égyptiens ont oublié leur pauvreté et leur misère. Les médias ne manquent pas à l’appel pour amplifier le phénomène, et on voit bien le résultat final. Après, les gens sont là à attribuer à ce sport les causes des problèmes. Je me pose alors la question : Est-ce qu’on serait mieux sans le foot ? A mon avis, non, car il faut arrêter de transposer les responsabilités.  Le Foot ne mérite ni un excès d’honneur ni un excès d’indignité, pour la simple et bonne raison que le Football n’est pas le problème, mais juste son reflet.

 

Sarah B.H


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