Publié le 06-03-2018

Ecart entre l'ISIE et SIGMA, Hassen Zagouni explique

Hassen Zagouni DG de Sigma Conseil a posté une analyse autour de l'écart des chiffres de son cabinet et les données de l'ISIE.



Ecart entre l'ISIE et SIGMA, Hassen Zagouni explique

La stratégie pour élaborer un plan de sondage dépend de l’objectif visé. Or dans le cas des élections municipales il s’agissait d’atteindre d’abord l’objectif principal à savoir l’estimation des taux nationaux obtenus par les différentes formations politiques afin de mesurer le rapport de force politique dans le pays à date, mais aussi l’objectif secondaire qui est celui d’estimer un tant soit peu les performances des listes au sein d’une cinquantaine de villes dont les chefs lieux de Gouvernorat pour la symbolique politique, notamment les trois villes Tunis, Sousse et Sfax. Ces deux objectifs sont sur le plan mathématiques contradictoires. En effet, afin d’obtenir un intervalle de confiance serré pour le national il nous faut chercher des unités de sondage d’une manière très dispersée dans le pays, mais suffisamment en nombre dans chaque ville visée par la publication des résultats estimatifs.

En ingénierie des sondages cela suppose qu’on essaye d’appliquer le théorème central limite en même temps que la loi des grands nombres. Ce n’est que difficilement atteignable. De fait SIGMA a privilégié le niveau national et a essayé de limiter la casse au niveau local. De ce trade-off découle la qualité des estimations au niveau national et les quelques écarts constatés au niveau local.

Il faut dire aussi que le budget et le temps alloués à l’opération ne sont pas extensibles à l’infini. Cette contrainte matérielle est très importante dans la résolution du programme de minimisation d’erreur d’échantillonnage et de biais de sélection.
En outre, SIGMA a procédé à une augmentation importante de l’effectif de sondage car ne disposant pas d’antériorité permettant d’affiner les redressements, pondérations ou modélisation qui tiendrait compte de scrutins municipaux antérieurs, notamment dans les zones à fort probabilité de ballotage, connues a priori grâces aux enquêtes antérieures. C’est l’application du théorème de Naymann.

La technique d’échantillonnage utilisée dans cette vague de sondage sortie des urnes relève des plans à plusieurs degrés de stratifications avec tirage aléatoires des strates les plus fines (les secteurs) en fonction de la taille des communes par le nombre d’inscrits, avec des strates équiréparties et d’autres boostées en termes d’allocation des effectifs, avec un tirage aléatoire séquentiel (fonction du temps le long de la journée) pour sélectionner les personnes à interviewer.

1- Les sondages d’intention de vote ne sont pas prédictifs. Ils mesurent le rapport de force à une date donnée.

2- Les sondages publiés quelques mois avant le scrutin (le dernier en date du 13 février 2018) n’a pas tenu compte des têtes des listes partisanes ou indépendantes (non connues à l’époque car les dépôts ont été faits le 22 février 2018). Cette désignation des têtes de listes a eu un impact fort sur l’électorat.

3- La campagne électorale est là pour faire bouger les lignes sinon il ne sert à rien de la faire. Elle a duré 3 semaines.

4- Les résultats de nos sondages d’intentions de vote non publiés (respect directives ISIE) mais dont le journal le Maghreb est récipiendaire indiquent le rapport de force obtenu le 6 mai car réalisés 2 à 3 jour avant le scrutin.

Rien n’arrête le progrès ni la science.

Rendez-vous à la télé à 20h un soir de l’automne 2019 pour les législatives. Ainsi se construisent les démocraties.



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