Publié le 06-03-2018

Trump insinue qu'il n'a pas parlé de ''pays de merde''

 Accusé de propos racistes, Donald Trump a reconnu vendredi avoir tenu un discours musclé mais a laissé entendre qu‘il n‘avait pas parlé de l‘immigration en provenance de “pays de merde” ainsi que l‘ont rapporté deux sources.



Trump insinue qu'il n'a pas parlé de ''pays de merde''

Le sénateur démocrate Dick Durbin, qui participait jeudi soir à une réunion sur l‘immigration pendant laquelle le président américain a tenu ces propos, a certifié par la suite que Donald Trump avait bien employé l‘expression controversée.

“La formulation que j‘ai utilisée lors cette réunion sur le DACA était rude, mais ce n’était pas la formulation utilisée. Ce qui était vraiment rude, c’était la proposition exotique qui était faite, un revers majeur pour le DACA !”, a tweeté le président américain, évoquant le programme permettant à des jeunes migrants entrés illégalement sur le territoire américain avec leurs parents alors qu‘ils étaient mineurs de bénéficier d‘un statut protégé.

Sur le fond, il a précisé avoir rejeté le projet de réforme de ce Deferred Action for Childhood Arrivals que lui avait présenté un groupe de sénateurs démocrates et républicains à l‘occasion de cette réunion à la Maison blanche.

“Ce soi-disant accord bipartisan sur le DACA présenté hier à moi-même et à un groupe de sénateurs et de parlementaires républicains était un grand pas en arrière”, écrit-il, affirmant que cette proposition aurait “forcé” les Etats-Unis à “accueillir un grand nombre de personnes venant de pays à la criminalité élevée qui ne s‘en sortent pas”.

Les six sénateurs - trois républicains, trois démocrates - à l‘origine de ce projet travaillent depuis des semaines pour mettre au point une législation permettant d’éviter l‘expulsion de quelque 700.000 jeunes “Dreamers” protégés par le statut DACA, que Trump a décidé en septembre dernier d‘abroger à terme.

Ils expliquaient avoir “conclu un accord de principe qui traite de la sécurité des frontières, de la ‘loterie de la carte verte’, du regroupement familial et du Dream Act”.

Mais au-delà de l‘opposition de Trump à ce projet porté notamment par le républicain Lindsey Graham et le démocrate Dick Durbin, ce qui a filtré d‘abord de cette réunion, ce sont les propos prêtés au président qui se serait demandé à haute voix si les Etats-Unis devaient accueillir des migrants en provenance de “pays de merde”, visant notamment Haïti et des pays d‘Afrique.

“(Le président) a fait des commentaires vulgaires et a qualifié les pays d‘origine (des migrants venus d‘Afrique) de ‘pays de merde’. Ce sont les mots exacts du président, et il les a employés à plusieurs reprises”, a affirmé Durbin auprès de journalistes dans une vidéo diffusée par la chaîne MSNBC, confirmant ce que révélait un peu plus tôt une source proche de l‘entourage de Donald Trump.

“Pourquoi voulons-nous tous ces gens d‘Afrique ici ? Ce sont des pays de merde (‘shithole countries’)... Il nous faudrait plus de gens venant de Norvège”, a déclaré le chef de la Maison blanche selon cette source.

Une seconde source a ajouté qu‘il s’était également interrogé sur la nécessité de laisser entrer des Haïtiens aux Etats-Unis.

Après les critiques soulevées au sein même de sa propre famille politique, Trump a été accusé vendredi par le porte-parole du Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l‘homme d‘avoir tenu des propos “racistes”, “choquants” et “honteux”.

“Il n‘y a pas d‘autre terme à utiliser que celui de ‘raciste’”, a déclaré Rupert Colville, interrogé à ce propos lors d‘un point de presse à Genève. “On ne peut pas traiter des pays et des continents entiers de ‘pays de merde’ dont les populations, qui ne sont pas blanches, ne seraient donc pas les bienvenues”, a-t-il ajouté.

“Ce ne sont pas seulement des propos vulgaires, c‘est révéler la face la plus sombre de l‘humanité, c‘est justifier et encourager le racisme.”

En Afrique du Sud, une responsable du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir, a jugé “extrêmement insultantes” les déclarations du président américain.

“Notre pays n‘est pas un pays de merde, pas plus qu‘Haïti ou aucun autre pays en souffrance”, a dit Jessie Duarte, secrétaire général adjointe de l‘ANC.

Reuters



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