Publié le 06-03-2018

En Iran, une motarde de 27 ans fait avancer les droits des femmes

Sur sa grosse cylindrée tout terrain, Behnaz Shafiie, jeune motarde iranienne, s'élance sur une piste en terre près de Téhéran pour réaliser un saut spectaculaire d'une quinzaine de mètres.



En Iran, une motarde de 27 ans fait avancer les droits des femmes

A 27 ans, cette jeune femme est devenue le symbole du combat de ces Iraniennes qui, avec courage, ont réussi à s'imposer sur une moto malgré les contraintes du pouvoir qui leur interdit de circuler en deux roues sur la voie publique.

Mais elles peuvent désormais le faire sur des pistes spéciales: à l'entrée de l'une d'elles située à Parand, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Téhéran, deux grandes banderoles précisent bien qu'elle est "réservée aux femmes". Celle des hommes, plus vallonnée et plus longue, est située à proximité.

Si les pistes sont bien délimitées, Behnaz Shafiie s'entraîne néanmoins avec un homme, Javad Zanjani, vieux spécialiste du motocross qu'il pratique depuis 35 ans.

Grâce à son obstination, la jeune femme a pu réaliser son rêve, en obtenant récemment l'autorisation pour les femmes de faire de la moto sur circuit ou sur piste, ainsi que d'organiser et de participer à des compétitions.

"J'avais 15 ans quand j'ai vu pour la première fois une femme circuler à moto dans un petit village du côté de Zanjan (nord). J'ai été surprise et je lui ai demandé si les femmes avaient le droit de faire de la moto, elle m'a alors montré comment faire et j'ai aimé ça", raconte-t-elle à l'AFP.

Behnaz Shafiie prend soin de cacher ses cheveux sous un bonnet ou sous un casque lorsqu'elle enfourche sa moto, afin d'éviter toute critique: depuis la révolution islamique de 1979, les femmes en Iran doivent porter un voile ou un foulard en public.

La jeune femme a acheté sa première moto à 22 ans, mais c'est seulement depuis trois ans qu'elle a décidé d'en faire son métier malgré les obstacles.

"Pendant deux ans, j'ai fait de la moto le soir derrière la maison en m'habillant en garçon", se souvient-elle. "Lorsque les gens se rendaient compte que j'étais une femme, la plupart m'encourageaient, mais certains hommes disaient que ma place était devant la machine à laver ou à la cuisine", note la jeune femme en riant.

Sa persévérance a fini par payer: il y a six mois, les femmes ont obtenu le droit de faire de la moto sur piste et depuis, deux compétitions féminines ont déjà été organisées.


AFP

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