Publié le 06-03-2018

Lettre d’un singe, du parc Essaada, condamné à mort par les autorités tunisiennes

Un petit singe qui a atterri malgré lui au parc Essaada et faute d’avoir été bien contrôlé par les responsables, a été condamné à l’euthanasie après avoir mordu un enfant. Voici sa lettre, imaginée par Dr. Olfa Abid, médecin vétérinaire.



Lettre d’un singe, du parc Essaada, condamné à mort par les autorités tunisiennes

Cher homosapiens,

Je suis un petit macaque qui "est resté primitif" par rapport à toi "cousin" qui a si bien évolué pour décider de l'avenir de tous les êtres vivants de la terre.

Mon histoire commence dans la forêt où je suis né avec mes congénères, je ne me baladais seul que rarement, la majorité du temps j'étais accroché à ma mère... voilà qu'en m'aventurant loin d'elle, à grimper les arbres qu'un humain me capture et me met dans un sac... marquant ainsi mon long et lent périple au service du maître du monde.

Vendu et revendu plusieurs fois, j'ai vu toutes sortes de cages et d'enclos certains minuscules, sombres,sales, froids ...d'autres plus spacieux, sans abris.. . J'ai du parfois dormir sur mes excréments, affamé et terrifié...

C'est ainsi que j'ai traversé clandestinement les frontières pour arriver dans un petit pays qu'on appelle la Tunisie où j'ai atterri à Moncef Bey puis chez un animalier à Dar Chaaben, qui m'a vendu à un parc de loisir à la Marsa et où j'avais un autre macaque pour me tenir compagnie.

Les jours passèrent, nous faisions mon compagnon et moi la joie de vos petits homosapiens, qui sautillaient comme des petits "singes" et criaient en nous voyant, ils nous lançaient des friandises mais aussi des cailloux, introduisaient leurs petits doigts agités à travers les barreaux, nous nous précipitions vers eux et ils sursautaient tout excités... ceux qui n'arrivaient pas à se dérober n’échappaient pas à nos morsures! à défauts d'arbres, d'escalade et d'espace, chasser les petits doigts de vos bambins est devenu presque notre unique loisir.

Voila que suite à ses morsures, le scandale éclate "il parait que le vie des enfants homosapiens est en danger" à la une de la presse Tunisienne. La municipalité qui ne voyait pas d’inconvénient à notre détention dans le parc exige notre expulsion sans délais, les services de la santé publique qui n'ont jamais vérifié notre origine, état sanitaire exigent notre euthanasie au bout des 15 jours de la surveillance vétérinaire de l'animal ayant mordu.

Homosapiens maître du monde a décidé de nous arracher à nos mères, à notre milieu, de nous vendre et nous détenir en captivité dans l’illégalité et de nous séquestrer puis de nous tuer selon les formalités ! Si nous avions échoué dans un autre pays on aurait pu intégrer un parc, un zoo ...un échappatoire à l’euthanasie mais en Tunisie la loi ne pénalise pas ceux qui détiennent, font commerce, exposent les animaux sauvages; elle pénalise les animaux !

Pour nous, cher cousin homosapiens, le compte à rebours à commencé, nous sommes à j-3 ! mais avant de mourir, j'aimerai dire à;

A vos enfants de ne plus introduire vos petits doigts ni tout autre objet à travers les barreaux, les cages sont d'abord conçues pour nous emprisonner mais aussi pour vous protéger! et le moindre accident peut nous être fatale.

A ceux qui nous détiennent, veuillez à notre bien-être, bien que ça ne vaut pas la mère nature ! Et veuillez  appliquer les normes de sécurité ( même si dans votre pays il y'en a pas ).

A vos médias de prendre la parole pour nous car nous aussi sommes en danger et même s'il est trop tard pour nous, faites de sorte que ça ne se reproduise plus !

Enfin à vos politicards, ça se passe chez vous et vous êtes les seuls responsables de vos concitoyens mais aussi de tout animal qui circule ou qui est détenu dans votre pays ! Alors mettez un terme à ce commerce illégal, légiférez notre détention et trouvez des solutions nous permettant de réintégrer un milieu naturel pour terminer ce périple.
Sans rancune

Ton cousin lointain macaque de barbarie 


Olfa Abid

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