Publié le 06-03-2018

L’assassin de l’écrivain jordanien Nahed Hattar est un ancien imam

Nahed Hattar, écrivain jordanien controversé a été tué par balles dimanche devant un tribunal d'Amman où il était jugé pour avoir publié une caricature considérée comme offensante envers l'islam.



L’assassin de l’écrivain jordanien Nahed Hattar est un ancien imam

L'assassin présumé de Nahed Hattar a été arrêté sur les lieux après avoir tiré trois balles sur l'écrivain de 56 ans au moment où ce dernier montait l'escalier du tribunal pour y comparaître, a indiqué une source de sécurité. Touché à la tête, il est décédé à son arrivée à l'hôpital.

Cet assassinat a été qualifié de «crime odieux» par le gouvernement qui a promis la sévérité contre son auteur présumé.
Selon la presse jordanienne, cet homme, un ingénieur de formation de 49 ans, est un ancien imam qui prêchait dans une mosquée d'Amman avant d'être remercié il y a six ans. D'après des témoins, l'assassin présumé portait une thobe (tunique traditionnelle) grise.

«Nous montions les marches quand un homme barbu (...) a sorti un pistolet d'un sac qui le portait et a tiré sur Nahed Hattar», a indiqué à l'AFP Mohamad al-Jaghbir, un ami. «Il n'y avait pas de protection, alors que le martyr (Hattar) était menacé et avait demandé une protection».

La famille de la victime a assuré que l'écrivain avait reçu des menaces de mort sur son téléphone et son compte Facebook.

Le chroniqueur, de confession chrétienne, avait été arrêté le 13 août après avoir partagé sur son compte Facebook une caricature montrant un jihadiste barbu sur un lit au paradis entouré de deux femmes et s'adressant à Dieu comme un simple serviteur.
Il lui demandait d'apporter un verre de vin, des noix de cajou et l'ordonnant d'emmener quelqu'un pour nettoyer la chambre, avant de lui faire remarquer qu'il devait frapper à la porte avant d'entrer.

La caricature, dont il n'est pas l'auteur, a pour titre: «Dieu des Dawaech», en allusion aux djihadistes de Daech (acronyme en arabe du groupe Etat islamique).

Après sa publication, le premier ministre Hani Mulqi avait ordonné au ministère de l'Intérieur de convoquer l'écrivain et d'engager des procédures judiciaires contre lui. Il a été accusé d'«incitation à la discorde confessionnelle» et d'«insulte» à l'islam, qui interdit toute représentation de Dieu.

«Tué de sang-froid»

Opposant de gauche également connu pour son soutien au régime syrien de Bachar al-Assad, l'écrivain avait été libéré sous caution début septembre et le procureur général avait imposé la censure sur cette affaire.

Après avoir provoqué un tollé sur les réseaux sociaux, l'écrivain avait supprimé la caricature de son compte. Il avait expliqué Facebook que la caricature se moquait des «terroristes et de la manière dont ils imaginent Dieu et le paradis, et qu'elle ne porte en aucun cas atteinte à Dieu».

«Nous imputons la responsabilité de l'assassinat de Nahed au premier ministre, au ministre de l'Intérieur et aux organes de sécurité», s'est indigné Majed, un des frères de l'écrivain, qui l'accompagnait au tribunal. «Il a été tué de sang-froid devant la plus grande institution de justice en Jordanie».

Majed et d'autres membres de la tribu Hattar tenaient un sit-in en hommage à la victime et pour protester contre les autorités, dans le fief de la famille au village chrétien d'al-Fuheis, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest d'Amman, selon des journalistes de l'AFP sur place.
«La loi sera appliquée fermement sur celui qui a commis ce crime et le gouvernement frappera avec une main de fer toute personne qui osera en profiter pour répandre un discours de la haine», a promis le porte-parole du gouvernement et ministre de l'Information Mohamad Momani.

L'assassinat de Hattar a été condamné par les Frères musulmans, première force d'opposition en Jordanie, et Dar al-Ifta, la plus haute autorité religieuse du pays.
«La religion musulmane est innocente de ce crime odieux», a indiqué Dar al-Ifta dans un communiqué, appelant les Jordaniens à combattre «le terrorisme et la sédition».

La Jordanie est membre actif de la coalition internationale conduite par les États-Unis qui frappe le groupe EI en Irak et en Syrie.


tuniscope avec AFP

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