Publié le 06-03-2018

En vidéos - Nos enfants : Sommes-nous conscients qu’ils sont notre avenir et qu'ils ont des droits spécifiques?

« L’humanité doit donner à l’enfant ce qu’elle a de meilleur » stipule la déclaration de Genève adopté en 1924.



En vidéos - Nos enfants : Sommes-nous conscients qu’ils sont notre avenir et qu'ils ont des droits spécifiques?

L’enfant est un être humain à part entière qui a des droits, une dignité, mais qui a des besoins spécifiques différents de ceux des adultes.

1er paragraphe de l’article premier du code de protection de l’enfant :
"Promouvoir l’enfance, tout en tenant compte de ses spécificités caractérisant ses possibilités physiques, ses penchants affectifs, ses capacités intellectuelles et son savoir-faire, à un niveau de protection garantissant la préparation des générations futures, et ce en prenant soin des enfants".

En sommes-nous conscients aujourd’hui, dans un pays en changement sur tous les plans ? En sommes-nous conscients quand nous voyons aujourd’hui se fiancer une fillette de 12 ans ? Quand nous voyons enfermé chez-lui un enfant de 3 ans avec sa sœur de 8 mois ? Quand des enfants en bas âge sont abandonnés sur les trottoirs, abusés, agressés, violentés ?

Mariem Sammoud, psychologue, pense qu’en Tunisie, on s’inquiète de la psychologie des enfants à deux vitesses différentes. Dès qu’il s’agit d’école ou d’apprentissage, les instituteurs et les parents sont aux aguets. Les autres côtés semblent être négligés et l’on ne traite plus un enfant en tant que tel mais comme un adulte miniature.

Autrement comment parler de consentement et d’union (mariage, fiançailles, etc) à 12 ans, alors qu’à cet âge un enfant n’est pas capable de prendre une décision par lui-même.
« Nous avons une crise de valeurs, une crise d’éthique » insiste la psychologue. Car même si le cadre légal a besoin d’évoluer pour mieux protéger nos adultes de demain, il n’est pas suffisant pour les protéger. Il reste beaucoup à faire sur les plans institutionnel et psychologique en Tunisie.

La Tunisie a ratifié la convention internationale des droits de l’enfant en 1991, premier texte international juridiquement contraignant consacrant l’ensemble des droits fondamentaux de l’enfant. 

Autre phénomène inquiétant, la violence dans les établissements scolaires, estime Mariem Sammoud.

Et par violence, la psychologue ne parle pas uniquement d’agressivité entre élèves mais de manuels scolaires qui véhiculent une pensée violente. Elle nous donne l’exemple d’un texte illustré du manuel de 3ème année primaire qui montre un élève maltraité par ses camarades, obligé de s’excuser pour ne pas rester seul »…

Alors que nous sommes un pays qui doit réformer sa justice, qui lutte contre l’impunité, qu’enseignons-nous à nos élèves ?

Entre la théorie et la réalité des choses, il y a tout un monde. Rappelons que nous sommes un pays où de jeunes enfants sont couramment employés comme aide-ménagère pour les filles (leur nombre a été estimé à 40 000 par une étude de l’UGTT) et comme vendeurs ambulants pour les garçons. Le travail forcé relève de la traite contre laquelle la Tunisie a légiféré en votant une loi le 22 juillet 2016.

« La première conséquence du travail des enfants est de perpétuer le cercle vicieux de la pauvreté.
Un enfant sur quatre dans le monde est d’ailleurs condamné à demeurer toute sa vie un travailleur pauvre et peu qualifié » nous rappelle les psychothérapeutes.
Il reste beaucoup à faire en Tunisie pour garantir une égalité des chances et un avenir meilleur aux enfants.
 


Hajer Boujemâa

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